LA HAVANE (Reuters) - La tempête tropicale Isaac a balayé Cuba samedi après avoir fait six (ou sept) morts en Haïti et trois disparus en République dominicaine.
Elle devrait ensuite se transformer en ouragan et se diriger vers les Etats-Unis, où le Parti républicain a repoussé d'une journée le début effectif de sa convention d'investiture de Mitt Romney à Tampa, en Floride.
Dans son bulletin le plus récent, le centre américain des ouragans (NHC) indique que le coeur de la tempête se trouve au large des côtes nord-est de Cuba et qu'elle progresse à une trentaine de kmh. Elle est accompagnée de bourrasques pouvant atteindre près de 100 kmh.
Le long du littoral cubain, la mer déchaînée soulève des vagues de quatre mètres qui s'abattent avec force sur la côte, ce qui a conduit à l'évacuation de milliers de personnes.
Selon les autorités, des habitations ont été inondées et les vents violents ont renversé des lignes électriques et téléphoniques en certains endroits.
Des Cubains résidant le long de cours d'eau ont aussi dû quitter leurs domiciles par crainte d'inondations.
Aucun décès n'a été signalé jusqu'à présent à Cuba.
Jusqu'à 20 cm de pluie se sont déjà abattus en certains endroits.
Baracoa, la ville la plus à l'est de l'île, semble être la plus touchée. La télévision publique a notamment fait état d'une cinquantaine de bâtiments endommagés.
"J'AI FROID"
Accompagnées de fortes pluies, de puissantes vagues se brisent sur la digue et ont inondé le boulevard du front de mer, des maisons et des boutiques.
"C'est terrible. Il pleut beaucoup et l'eau a détruit des maisons et un centre pour enfants", a déclaré un habitant de la ville, Ricardo Alba, joint au téléphone par Reuters.
"La mer est déchaînée, vraiment féroce", a-t-il dit.
Avant Cuba, Isaac a balayé samedi le sud d'Haïti, où certains quartiers de Port-au-Prince, la capitale, ont été inondés. La pluie et le vent se sont engouffrés dans les camps de fortune où vivent toujours plus de 350.000 survivants du séisme dévastateur de janvier 2010.
Les responsables de la protection civile ont avancé un bilan de six morts, dont une fillette de 10 ans tuée par l'effondrement d'un mur près de Port-au-Prince, et plus de 14.000 personnes évacuées.
De nombreuses routes sont bloquées ou impraticables.
Dans un camp situé dans le bidonville de Cité Soleil, l'eau pénètre dans des cabanes éventrées.
"Nous n'avions jamais rien vu de tel. Tout le monde s'est réfugié à l'église mais je ne voulais pas quitter mon domicile. Toutes mes affaires sont trempées", dit Edeline Trevil, une femme de 47 ans aux pieds nus, qui a survécu avec son chat.
"J'ai froid ! Je suis trempée depuis la nuit dernière."
Le vent s'est calmé samedi après-midi mais la pluie devrait continuer à tomber sur Haïti, selon les météorologues.
En République dominicaine voisine, Isaac a endommagé des lignes électriques et près d'un million de personnes étaient privées de courant, selon les autorités. Une dizaine de villes au moins étaient isolées en raison des inondations. Outre les trois disparus, parmi lesquels figure le maire d'une localité proche de Saint-Domingue, 764 habitations ont été endommagées et 9.600 personnes évacuées.
En Floride, le gouverneur Rick Scott a décrété l'état d'urgence afin de mobiliser les services de secours.
En passant sur les eaux chaudes du golfe du Mexique, la tempête devrait se transformer en ouragan avec des vents soufflant jusqu'à 160 kmh puis atteindre le littoral américain en milieu de semaine, entre la Floride et La Nouvelle-Orléans.
Dimanche matin, alors que la dépression était encore à un demi-millier de kilomètres de Key West, en Floride, l'activité était en cours de suspension sur les plates-formes pétrolières et gazières du Golfe du Mexique. Selon les prévisionnistes de Weather Insight, filiale de Thomson Reuters, Isaac pourrait entraîner une baisse de 43% de la production américaine offshore de pétrole et de 38% pour le gaz naturel.