Alors que le Premier ministre Ariel Henry cherche à avoir un accord politique pour passer le cap du 7 février 2024, les responsables des principales organisations politiques de l’opposition affirment qu’ils ne sont pas en discussion avec le chef de la Primature. Maryse Narcisse, responsable de Fanmi Lavalas, plaide pour un exécutif à deux têtes et dit supporter les mouvements de protestation à travers le pays pour exiger la démission de Monsieur Henry.

Les possibilités d’un accord politique entre le Premier ministre et les partis politiques de l’opposition s’amenuisent de plus en plus à l’approche du 7 février, date à laquelle Ariel Henry devait passer le pouvoir à des élus selon l’accord du 21 décembre. Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste, l’ancienne candidate à la présidence et responsable de Fanmi Lavalas a déclaré que « les négociations entre les parties prenantes haïtiennes facilitées par le Groupe des Éminentes Personnalités se sont arrêtées depuis début décembre 2023. » Une façon pour Maryse Narcisse de dire au journal que son parti n’est pas actuellement en pourparlers avec le Premier ministre.

« Un exécutif bicéphale est la position de Fanmi Lavalas qui a été exprimée dans son document ‘’ Crise et Solutions’’ de novembre 2018 et plus récemment à Kingston lors du lancement des rencontres entre les parties prenantes haïtiennes, facilitées par la CARICOM », a affirmé Maryse Narcisse.

Pensez-vous que le Premier ministre Henry devrait laisser le pouvoir le 7 février prochain? À cette question du journal, la responsable de Fanmi Lavalas a répondu en ces termes : « Fanmi Lavalas est à l’écoute et reste solidaire des revendications de la population qui réclame des changements profonds exprimés par le ‘’chavire chodyè’’ traduisant leur volonté de rupture avec ce système basé sur la mauvaise gouvernance, les injustices sociales, la corruption et l’insécurité programmée. »

Interrogée plus précisément sur les mouvements de protestation de ces derniers jours à travers le pays pour exiger la démission du Premier ministre, Dr Narcisse a indiqué que « la population n’en peut plus de tous ces bouleversements que nous vivons actuellement et de cette recrudescence de l’insécurité qui crée la terreur. Face à cette situation de crise multidimensionnelle, dont la majorité des victimes se retrouvent dans le camp des plus démunis et d’une classe moyenne presque en voie de disparition, Fanmi Lavalas reste plus que jamais engagée dans la recherche d’une solution haïtienne consensuelle qui réponde aux aspirations du peuple haïtien pour la paix, le progrès, la justice, la transparence et la participation. »

Sur la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, le seul espoir du gouvernement pour ramener la paix au pays, Maryse Narcisse estime que « la solution efficace et durable, que nous devons trouver, aux problèmes de sécurité du pays, ne va pas venir d’une énième force multinationale. Notre histoire récente foisonne de ces initiatives coûteuses, pour des résultats dont aujourd’hui nous vivons douloureusement l’inadéquation. La solution est d’abord et avant tout haïtienne et implique des interventions multiples ciblant diverses dimensions de cette crise. »

Par ailleurs, les organisations politiques de l’opposition membres du Collectif du 30 janvier (GREH, LAPEH, MOPOD, OPL, PITIT DESSALINES, PHTK, UNIR) avaient déjà indiqué qu’ils n'étaient pas en pourparlers avec le Premier ministre.

« Auteur d’un bilan catastrophique de la gestion du pouvoir pendant cette longue période intérimaire, incapable de faire face aux revendications légitimes de sécurité, de libre circulation sur le territoire national, de bien-être,… d’une population aux abois, le Premier ministre et ses alliés orchestrent une campagne malsaine de propagande tendant à transformer dans l’opinion nationale et internationale ses tentatives infructueuses de subornation de personnalités de l’opposition en actes de négociation avancée pour une sortie de crise », avaient dénoncé ces organisations politiques dans une note.

Ils critiquent Ariel Henry qui, selon eux, avait « délibérément boycotté les négociations pour une sortie de crise menées en novembre 2023 avec les bons offices du Groupe des Éminentes Personnalités de la CARICOM. » Ils rappellent que selon l’article 20 de l’Accord du 21 décembre 2022, « la période intérimaire couverte par le Premier ministre de fait Ariel Henry prend fin le 7 février 2024. »

« Pour combler la vacance consécutive au départ de M. Henry, il est impératif de mettre en place un exécutif conforme à l’esprit de la Constitution de 1987 et qui sera chargé de restaurer les institutions républicaines et de remplacer le personnel politique par des élections inclusives et crédibles », ont avancé les partis GREH, LAPEH, MOPOD, OPL, PITIT DESSALINES, PHTK et UNIR.