MIAMI, 21 Mars – Désormais il y a les gangs qui tuent d’un côté et de l’autre les gangs qui manifestent pour la prise du pouvoir.
Il y a toujours des gangs qui pillent, incendient et massacrent - et d’un autre côté les gangs qui prêchent la réconciliation. Le ‘Vivre ensemble.’
Qui faut-il croire ?
Ne sont-ce pas les mêmes ?
Un visage de Janus !
‘Yon kout dlo cho, yon kout dlo frèt.’
Le vide du pouvoir créé par le renversement du premier ministre de facto Dr. Ariel Henry a ouvert l’appétit des chefs de gangs. Pourquoi ne pas prendre eux-mêmes le pouvoir puisqu’ils ont déjà le monopole de la rue ? De la force ?
Mais en même temps sans déposer leurs armes. Passer directement du statut d’assassin à celui de ‘papa pèp.’ Only in Haiti.
Il y a aussi l’évasion des détenus du Pénitencier national qui a provoqué certains remous.
Ainsi Ezéchyel, ex-policier et chef de gang de Carrefour Feuilles, revenu sur les lieux a demandé aux résidents de ce quartier de revenir dans leur foyer dont ils avaient été chassés par le gang venu de Grand Ravine.
Tandis qu’on dit que les assassinats commis actuellement à Pétionville et l’invasion de Thomassin, Laboule - c’est l’œuvre d’un autre chef de gang échappé lui aussi récemment du Pénitencier mais qui n’a pas signé pour l’opération ‘Vivre ensemble’. Parce que lui il doit d’abord refaire son compte en banque.
Bien sûr !
En un mot rien n’a changé. Les gangs tiennent la rue, d’une façon et d’une autre, ‘yon kout dlo cho, yon kout dlo frèt’ et puisqu’il en est ainsi, pourquoi ne pas avoir aussi le pouvoir. Comme dans les films cowboy : le pouvoir est au bout du fusil.
Cependant jusqu’à présent les nombreux assauts lancés contre le palais national se sont heurtés à une défense acharnée par la police nationale et l’armée.


On devine la présence alors de ce qu’on appelle l’international. La communauté internationale, et communément appelée chez nous ‘le blanc.’
Mais ici aussi ah ! c’est la même confusion. D’un côté on appuie la constitution d’un Conseil présidentiel de transition qui devrait instamment remplacer le gouvernement du premier ministre démissionnaire et quasiment exilé à Porto-Rico …
Or en même temps voici aussi ‘le blanc’ qui fout le camp. Toutes les grandes ambassades se vident. Quelle garantie de sécurité alors pour ledit Conseil de transition ?
De qui se moque-t-on ?
Pareil ce cinéma construit autour d’une prétendue vague de boat-people après qu’une vingtaine de réfugiés ont été arraisonnés sur la côte de Floride.
Voici le Commandement Sud des Forces armées des Etats-Unis mobilisé comme un seul homme, plusieurs bataillons de Marines, Navy Seal et autres prêts à placer Haïti dans un cordon sanitaire etc.
Du vrai cinéma.


Cela pendant qu’une nation disparait. Lentement mais sûrement. De plus filmé ‘en direct’ par toutes les plus grandes chaines de télévision mondiales.
Ci-git la Deuxième république indépendante du continent américain. Et surtout le premier peuple noir libre et libéré par lui-même.
Si vous voyez un autre dénouement, faites-moi signe.

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 21 Mars 2024