Nos gouvernements n’ont rien fait … Mais voyons cela de plus près !

MIAMI, 2 août – Il serait bon de rappeler pour les jeunes générations plongées aujourd’hui dans le quasi-état de disparition de notre pays, que les plus grands progrès dans notre Haïti ont été réalisés, eh bien oui, par les haïtiens eux-mêmes …

Aussi loin que remonte la mémoire contemporaine c’est sous le président Dumarsais Estimé, un noir - nous le précisons parce qu’il avait succédé à trois chefs d’Etat mulâtres (Eugene Roy, Sténio Vincent, Elie Lescot), oui Estimé (1946-1950) qui donc en si peu de temps non seulement commença les travaux de construction du Barrage de Péligre donnant naissance aux rizières de l’Artibonite qui ont été le ‘bread basket’ du pays et son trésor national pendant plusieurs décennies, puis pour plus tard donner aussi le jour au barrage hydroélectrique de Péligre comme on sait …

Outre que c’est Estimé qui ouvrit Haïti à la modernité avec la grandiose célébration du Bicentenaire de la Ville de Port-Au-Prince en 1949 et non aucune puissance extérieure qu’elle soit occupante ou invitée ! …

Non on n’en parle pas assez aujourd’hui … nous ne savons trop pourquoi ! Peut-être parce que nos nouvelles générations n’ont pas été assez instruites dans le respect de notre propre patrimoine !

Estimé fut renversé en 1950 dans un coup d’état appuyé par le gouvernement américain donnant le pouvoir à un militaire, le général Paul E. Magloire, probablement plus fidèle aux desiderata de Washington …

Toujours est-il que comme par hasard jusqu’à Estimé presque toutes les grandes entreprises étaient des succursales de compagnies étrangères, principalement américaines. Enfant nous nous souvenons d’un seul nom dès qu’on parlait business ou emplois c’était Brown and Root, réseau de services industriels héritage de l’Occupation militaire de notre pays par les Etats-Unis (1915-1934).

Tout comme le sucre, le ciment, la farine, l’huile etc étaient importés … Les banques aussi s’appelaient City Bank, Banque Royale du Canada et le plus important magasin de Port-au-Prince était Firestone etc.

On dira tout ce qu’on veut de la dictature Duvalier qui a certes été l’une des plus sanguinaires même dans un pays qui n’en était pas à son coup d’essai dans ce domaine - sauf que les trente ans de Duvalier ont entamé une sorte de modernisation économique, principalement dans la production d’électricité avec la création de l’Electricité d’Haïti, une entreprise publique nationale.

Jusque-là Port-au-Prince était éclairée bon an mal an sous contrat avec une compagnie américaine totalement déficiente, dont le propriétaire un citoyen américain surnommé Shrewsbury n’était pas prêt pour alimenter une population se multipliant rapidement …

Ce fut pareil aussi pour les télécommunications …

Les deux tours de Sans Fil, dont une petite haïtienne nommée Mariela battit un record du monde lorsqu’elle grimpa jusqu’à son sommet par un après-midi d’été, c’était là des vestiges remontant aux moyens de communication du temps de la 1ère Guerre mondiale …
Il fallut attendre Baby Doc pour qu’on abandonnât la communication par câble, autre héritage de l’Occupation américaine terminée depuis 1934 … et cela avec l’inauguration de la Teleco …

Et aussi pour que les banques en Haïti se mettent à porter des dénominations locales, haïtiennes, nationales. Regardez aujourd’hui autour de vous.

Nous faisons ces quelques rappels parce qu’il est de bon ton actuellement de considérer - mais bien sûr à tort et soumis à une propagande soit inconsciente soit manipulée, que les Haïtiens n’ont jamais rien foutu que détruire leur pays, que tous les gouvernements haïtiens qui se sont succédés n’ont jamais rien innové … or attention : car on peut même dire que tout ce qui a été introduit de nouveau et cela (nous insistons) depuis la fin de l’Occupation américaine en 1934, ce sont des gouvernements haïtiens qui en sont à l’origine. Y compris les deux Duvalier et même sous le monstrueux Papa Doc (1957-1971).

Il ne faut donc pas trop mélanger les choses comme c’est la mode aujourd’hui, sinon on se laisse tirer les ficèles sans trop savoir où l’on va … aboutir !!!
Haïti va mal. Tout sans aucune exception. L’une des causes les plus évidentes c’est la corruption et le vol des richesses du pays, certes.

Certes les possédants ont une grande part de responsabilité … Alors pourquoi ne pas les remplacer immédiatement ??? …
Oui, tous au poteau : dirigeants et possédants !!!

Mais attention, et cet édito se veut seulement attirer l’attention sur un point : ce sont des pouvoirs locaux qui au niveau ‘structures’ ont fait évoluer notre pays ces dernières décennies et si ces modernités ne se sont pas traduites en avancées économiques, c’est à cause de la corruption qui imprègne tout le système, tant au niveau politique qu’économique.

Aujourd’hui nous voici au temps des grands chambardements mais comme dit le français : attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Ou en créole ‘tèt an plas.’

Marcus Garcia, Haïti en Marche, 2 Août 2025