Il arrive que, dans le vacarme des épreuves et le poids des jours, une nouvelle inattendue surgisse comme une braise vive. La sélection de Yanick Lahens pour le Grand Prix du Roman 2025, avec Passagères de nuit, en plus de sa nomination au Prix Goncourt, en est une.
Ce n’est pas seulement une reconnaissance littéraire : c’est une brèche ouverte dans la grisaille, un souffle qui traverse nos fatigues collectives. La littérature, avec sa puissance d’évocation, nous restitue un territoire de clarté où l’imaginaire sert de refuge et de tremplin. Dans un pays traversé par la tourmente, chaque geste de lumière, aussi ténu soit-il, devient signe de résistance et de fierté.
Et moi, citoyen haïtien et ancien étudiant de Madame Lahens à l’Ecole Normale Supérieure, je suis tellement fier et je dis : merci Yanick, merci pour Haïti.
Cette distinction n’appartient pas qu’à Yanick Lahens, elle rejaillit sur une communauté entière, sur une mémoire dispersée mais toujours vibrante. Elle nous rappelle que, même exilées ou entravées, nos voix persistent à franchir les frontières, à s’ériger contre l’effacement. Dans l’ombre des temps, Passagères de nuit devient étendard d’espérance.
Yves Lafortune,
Brickell City, le 2 Octobre 2025
Fact Checking News (FCN), 5 octobre 2025
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a annoncé la nomination de Mme Nicole Flora Boni Kouassi, ressortissante de la Côte d’Ivoire, au poste de Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général pour le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), ainsi que de Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice humanitaire des Nations Unies dans le pays.
Mme Boni Kouassi succède à la diplomate suédoise Ingeborg Ulrika Ulfsdotter Richardson, que le Secrétaire général a saluée pour son dévouement, son leadership et son engagement indéfectible envers les valeurs et les objectifs de l’Organisation.
Une carrière de plus de deux décennies au service du développement et de la paix
Avec plus de vingt-deux ans d’expérience au sein du système onusien, Mme Boni Kouassi apporte à sa nouvelle fonction une expertise reconnue dans les domaines du développement durable, de la consolidation de la paix, de la sécurité et de l’action humanitaire.
Avant sa nomination en Haïti, elle occupait depuis 2022 le poste de représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Niger. De 2019 à 2022, elle a exercé les fonctions de représentante résidente du PNUD au Burundi, tout en assumant, en 2021, le rôle de coordonnatrice résidente et humanitaire par intérim.
Sa carrière l’a également menée à occuper diverses responsabilités stratégiques, notamment en tant que représentante résidente adjointe du PNUD à Djibouti et au Niger, ainsi que spécialiste principale de la cohérence des Nations Unies au siège de l’organisation à New York.
Un profil académique et linguistique remarquable
Médecin de formation, Mme Boni Kouassi est titulaire d’un doctorat en médecine obtenu à l’Université Félix Houphouët-Boigny (anciennement Université de Cocody) à Abidjan, ainsi que d’une maîtrise en santé publique de Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, dans l’État du Maryland, aux États-Unis.
Outre sa langue maternelle, le baoulé, elle maîtrise couramment le français et l’anglais, atouts majeurs pour la conduite du dialogue entre les partenaires nationaux et internationaux en Haïti.
JJJ / FcnHaiti
PORT-AU-PRINCE, samedi 4 octobre 2025 (RHINEWS)- L’Ambassade des États-Unis en Haïti a salué jeudi la décision de la justice canadienne de condamner Gérald Nicolas, un ressortissant québécois, à cinq ans de prison pour avoir tenté de fomenter une révolution armée en Haïti. « Nous applaudissons le Canada pour son engagement en faveur de la justice ! Nous félicitons le Canada d’avoir tenu Gérald Nicolas responsable de ses tentatives d’incitation à la violence et de déstabilisation d’Haïti. Cette action décisive constitue une avancée majeure vers la fin de l’impunité et la promotion de la paix », a déclaré la représentation diplomatique américaine.
Washington a exhorté les autres nations à suivre cet exemple. « Les États-Unis appellent toutes les nations à suivre l’exemple du Canada et à tenir pour responsables ceux qui menacent la stabilité. L’ère de l’impunité est révolue », a ajouté l’Ambassade, soulignant l’importance de renforcer la coopération internationale pour sanctionner ceux qui alimentent la violence et le chaos en Haïti.
Mercredi, un tribunal au Canada a condamné Gérald Nicolas à une peine de cinq ans de prison. Selon un communiqué du Service des poursuites pénales du Canada (SPPC), l’accusé, originaire de Lévis, avait été reconnu coupable en mars dernier de toutes les accusations portées contre lui, notamment pour avoir quitté le pays « dans l’intention de faciliter une activité terroriste » et pour avoir effectivement contribué à de telles activités.
Le SPPC a précisé que Nicolas avait élaboré un plan visant à inciter une révolution armée en Haïti afin de renverser le gouvernement du président Jovenel Moïse entre 2020 et 2021. Il s’était rendu en République dominicaine et en Haïti pour tenter de mettre en œuvre son projet, en cherchant à obtenir des armes, en recrutant des partisans, en fournissant des fonds et en louant un terrain près de la frontière pour y installer une base d’opérations.
« Cette affaire concernait une conspiration visant à miner la stabilité d’un gouvernement étranger », a expliqué George Dolhai, directeur du SPPC. « Toute personne prête à poser des gestes pour inciter à des conflits armés afin de poursuivre ses objectifs, au Canada comme à l’étranger, sera traduite en justice », a-t-il insisté.
Lors du procès, Gérald Nicolas a affirmé qu’il voulait accomplir une « révolution tranquille et pacifique » destinée à « restaurer la dignité du peuple haïtien », son pays d’origine. Mais les jurés, composés de huit femmes et quatre hommes, n’ont pas retenu cette version. L’homme, inculpé pour la première fois en novembre 2022, s’était présenté comme un « prisonnier politique » après sa condamnation.
Cette affaire intervient dans un contexte de profonde instabilité en Haïti, marqué entre 2020 et 2021 par des manifestations violentes, la montée en puissance des groupes armés et l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, ce qui avait plongé le pays dans le chaos. Les autorités canadiennes rappellent que « toute tentative de complot visant à exporter la violence ou à aggraver l’instabilité d’un État étranger sera poursuivie avec la plus grande rigueur ».
PORT-AU-PRINCE, samedi 4 octobre 2025 (RHINEWS) – Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a tiré la sonnette d’alarme jeudi sur l’aggravation de la crise alimentaire en Haïti, où la violence des groupes armés paralyse la capitale et empêche l’accès humanitaire, tandis que le manque de financements contraint l’agence à réduire drastiquement ses opérations.
Selon les données présentées, près de 90 % de Port-au-Prince est aujourd’hui sous contrôle des groupes armés. « La violence a consumé chaque recoin de la capitale, aucun quartier n’est épargné, et les zones rurales autrefois paisibles sont désormais touchées », a déclaré Wanja Kaaria, directrice et représentante du PAM en Haïti. Cette situation isole les agriculteurs des marchés, fragilise davantage les circuits d’approvisionnement et entraîne une flambée des prix alimentaires.
Le PAM indique que 1,3 million de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer à la recherche de nourriture et d’abris. Des milliers de familles survivent entassées dans des écoles et des bâtiments publics, privées de revenus et d’accès à l’éducation. Plus de la moitié des déplacés sont des enfants, ce qui contribue à une hausse alarmante des cas de malnutrition dans les quartiers de la capitale dépourvus de services de base.
Faute de financements, l’agence a suspendu la distribution de repas chauds aux nouveaux déplacés et réduit de moitié les rations alimentaires. Pour la première fois, le PAM n’a pas pu prépositionner de stocks pour répondre à un éventuel désastre naturel en pleine saison cyclonique. « Aujourd’hui, plus de la moitié des Haïtiens n’ont pas assez à manger. Avec le niveau actuel des financements, nous peinons à empêcher la famine de s’installer », a averti Mme Kaaria, soulignant que « des enfants, des mères, des familles entières perdent espoir ».
Le PAM rappelle que la récente adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution créant une force multinationale renforcée pour Haïti constitue « un pas critique et bienvenu » vers la stabilité, mais insiste sur le fait que « les efforts de sécurité doivent aller de pair avec des investissements humanitaires et de développement accrus pour éviter un effondrement social encore plus large ».
Depuis janvier 2025, malgré l’insécurité extrême, le PAM affirme avoir apporté une assistance vitale à plus de 2 millions de personnes. Le programme poursuit également des initiatives de long terme, telles que les repas scolaires pour 600 000 élèves haïtiens, dont 70 % préparés avec des produits locaux, soutenant ainsi les agriculteurs et les fournisseurs haïtiens. L’organisation mène aussi des projets d’infrastructures communautaires, y compris dans des zones contrôlées par les gangs, pour restaurer les systèmes d’irrigation et relancer la production agricole.
Haïti demeure le seul pays du continent américain confronté à des niveaux de faim catastrophiques (IPC5), équivalents à des conditions de famine. Avec 5,7 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë, le pays fait partie des cinq crises alimentaires les plus sévères du monde.
« Haïti est à un moment crucial. Nous appelons les partenaires internationaux à renforcer leur soutien afin de fournir non seulement une assistance d’urgence vitale, mais aussi des programmes capables de s’attaquer aux causes profondes de la faim et de redonner espoir », a insisté Mme Kaaria. Le PAM estime avoir besoin de 139 millions de dollars américains pour les douze prochains mois afin de venir en aide aux familles les plus vulnérables.
L’organisation avertit que ces manques de ressources menacent non seulement des vies, mais également la stabilité nationale et régionale. « L’aide alimentaire est un filet de sécurité essentiel dans cet environnement explosif : elle sauve des vies aujourd’hui, mais elle réduit aussi le risque d’effondrement social, de déplacements massifs et de migrations forcées demain », conclut le PAM.
L’article original a été publié initialement en anglais sur: https://www.wfp.org/news/haiti-brink-violence-cuts-capital-pushing-families-towards-starvation-amidst-cuts-humanitarian
Editorial of Marcus Garcia, Haïti en Marche, October 3, 2025
MIAMI, October 3 – Bad news. (VBI) Announced suspension of Hope–Help. The end of the HOPE/HELP program threatens thousands of textile jobs. The end of the preferential HOPE/HELP regime plunges Haiti’s textile industry into uncertainty. This sector, which represents 90% of the country’s exports, risks collapse, local actors warn.
Further, “The Codevi industrial park, at the Haitian–Dominican border, concentrates most of the sector, with 18,000 of 26,000 jobs. Fernando Capellán, president of the complex, told the Wall Street Journal of his concern: ‘Without these jobs, we will see more people on the streets, more people drawn to crime and gangs.’”
“In 2021, the textile industry still employed 60,000 people. But violence, political instability, and uncertainty surrounding the program had already weakened the sector. The Caracol park, inaugurated in 2012 in the north with $300 million in U.S. and multilateral funding, now has only 2,000 jobs out of the several thousand initially announced.”
Etc.
The information will make headlines for a day or two, then silence; moreover, so far, there has been no public comment from the real decision-makers, whether economic or political.
Why end the Hope–Help agreement?
First, what exactly is it?
According to the news agency Vant Bèf Info (VBI):
“The Haitian Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement Act (HOPE) and the Haiti Economic Lift Program (HELP) are two U.S. laws adopted respectively in 2006 and 2010. They aim to support Haiti’s economy by offering preferential access to the American market for locally manufactured garments.
“These provisions allowed Haitian companies to export duty-free, attracting major textile groups and contributing to the creation of tens of thousands of jobs. After the 2010 earthquake, the HELP program extended and strengthened this framework, becoming a pillar of Haiti’s economy.
Further: “Today, their expiration would be a severe blow for the country, whose textile industry is the main driver of exports and one of the few formal employment sectors.”
Why would the Trump administration end this program?
It is not the U.S. government that decides on the renewal but Congress. However, Congress is now Republican-controlled in both chambers.
It also results from a campaign (…) of awareness led by both the companies benefiting from the measure and the country concerned.
If such a campaign exists, it has so far been limited to a very small circle—until the sudden news of a possible end to the programs broke.
But why would the current U.S. administration want to end the Hope–Help conditions… while it (President Trump himself) speaks constantly of reviving American industry in the face of the massive influx of imported goods—especially from Asian countries? Hence his policy of raising tariffs on imports from those countries.
Unless products made in Haitian factories are now classified as purely imported goods… whereas they are, in fact, part of the same American production chain—or at least, they were until now.
Why do we need to hear more from Haitian officials in the sector—both political and economic?
Because this is what is called: the public’s right to know.
The issue does not concern only those in power or the big players in the so-called subcontracting sector.
These actors, traditionally, keep everything to themselves—starting, of course, with the economic returns of a sector long treated as a private preserve.
But let’s go back to the beginning.
What we call “small industry,” or “factories,” or more directly the “assembly sector,” was born in Haiti in the early 1970s as a sort of boost for the young dictator Baby Doc, whose choice had been approved by the star-spangled power.
It was a boom. Haiti, thanks mainly to the talent of its female workers, won international awards—for baseballs, fashionable bras, and more.
But by the 1990s, Washington began turning its interest toward other regions, likely more profitable—first and foremost, Asian countries with even larger and cheaper labor forces.
Today, however, a new change—full reverse gear. Trump calls for bringing production back home. Thus appears the sudden policy of heavy import tariffs, which the current occupant of the White House uses as a real weapon of pressure: Do you want it or not?
Have Haiti’s political and economic assembly leaders understood the new game—or did they, as the Creole saying goes, arrive there “with both hands and both feet,” meaning without having done any homework?
Probably!
In fact, we always talk about “renewal” but never “renegotiation.”
That is to misunderstand Mr. Trump, who gives gifts to no one—that’s his least flaw, as the fable would say.
From the height of their majesty—or should we say their “millions-twenty,” as the Creole puts it—they land in Washington as if walking into a windmill.
And it’s always the same faces. No change whatsoever. You know what I mean.
But Haiti in 2025 is far from the Haiti of the years X or Y—you see again what we mean.
That’s why we are almost certain the question was probably misframed…
And that, as we used to say in school, we “assumed the problem was already solved.”
With the current occupant of the White House, nothing is less certain…
Nothing is ever too certain.
So—it’s back to square one.
Marcus Garcia, Haïti en Marche, October 3, 2025
Translation by Lorquet, Joel (Port-au-Prince)
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