12 Avril 2025 - VBI - Depuis plusieurs semaines, la commune de Kenscoff est plongée dans une insécurité sans précédent, bouleversant profondément la vie quotidienne de ses habitants et fragilisant l’économie locale. Marquée par des tensions sociales et des difficultés d’approvisionnement, cette crise a provoqué une flambée inquiétante des prix des légumes, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Une localité réputée pour sa production de légumes frais comme la carotte, le poivron, la tomate et l’oignon, est désormais à genoux face à l’escalade de l’insécurité. Les attaques répétées des gangs armés perturbent gravement les activités agricoles et paralysent les routes menant vers les marchés. Ce contexte chaotique a rendu l’acheminement des produits frais extrêmement difficile, entraînant une explosion des prix : le lot de tomates est passé de 25 à plus de 75 gourdes en quelques semaines, les carottes se vendent désormais à 100 gourdes contre 50 auparavant, et l’oignon a vu son prix doubler.
Cette inflation a un impact dévastateur sur les populations les plus vulnérables. Pour de nombreuses familles à faibles revenus, acheter des légumes est devenu un luxe inaccessible. Une résidente de Pétion-Ville, rencontrée au marché « Cocoyer », confie : « C’est devenu presque impossible d’acheter des légumes pour un repas. On ne peut plus les intégrer à notre alimentation quotidienne. » D’autres consommateurs, pris dans la tourmente de la crise économique générale, sont contraints de réduire leur consommation ou de se tourner vers des alternatives moins coûteuses, mais aussi moins nutritives.
« Même avec de l’argent en main, on ne peut presque rien acheter », se désole une autre habitante, inquiète de la hausse des prix.
Des producteurs désespérés face à l’inaction de l’État …
12 Avril 2025 - VBI - Du côté des producteurs, le désespoir se fait sentir. Incapables d’écouler leurs récoltes à cause de l’insécurité, certains voient leurs produits pourrir sur place. « Nous avons des récoltes, mais nous ne pouvons pas les transporter. C’est trop risqué. Parfois, on est contraints de jeter des légumes invendus », témoigne un agriculteur local. D’autres, contraints de fuir les zones contrôlées par les gangs, abandonnent leurs terres, espérant échapper à la violence qui s’intensifie malgré les annonces des autorités à propos des opérations pour chasser ces criminels.
Face à l’escalade de la violence, l’État semble impuissant. Un rapport du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) fait état de plus de 300 morts dans la commune, dont plusieurs agents des forces de l’ordre, tandis que plus de 7 000 personnes ont dû fuir leurs domiciles. Plus de 1 500 maisons, dont l’hôtel Le Montcel, ont été incendiées.
Les citoyens, choqués par l’ampleur de la situation, dénoncent l’absence de réaction efficace de l’État, qu’ils accusent de privilégier ses propres intérêts au détriment des urgences nationales.
Vers une crise alimentaire généralisée ? …
Si cette situation perdure, le risque d’une crise alimentaire généralisée devient de plus en plus réel. L’économiste Fabien Gérôme avertit que la combinaison de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat pourrait plonger davantage de familles dans l’insécurité alimentaire. « L’État est incapable de gérer les besoins fondamentaux de sa population », déplore-t-il.
Quelle issue à cette crise ? …
Face à cette crise complexe, les solutions semblent difficiles à trouver. Certains plaident pour des mesures urgentes afin de rétablir la sécurité dans la région, tandis que d’autres insistent sur la nécessité de repenser les politiques agricoles et de renforcer l’appui aux producteurs locaux pour relancer la production. En attendant, les habitants de Kenscoff et des zones avoisinantes continuent de subir les lourdes conséquences de cette crise, dont les répercussions se font sentir bien au-delà des marchés.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)
13 avril, 2025 brèves VBI - En 2024, l’insécurité pesait déjà lourdement sur les festivités religieuses et culturelles en Haïti. Malgré tout, quelques rares bandes à pied avaient défié la peur pour faire entendre tambours et bambous dans certains quartiers. Mais ce dimanche des Rameaux 2025, c’est le silence qui règne dans les rues de Port-au-Prince. Pas une seule bande à pied n’a pu sortir. Les routes menant vers le centre-ville et ses environs sont presque entièrement occupées par des bandits lourdement armés. La ville ne danse plus, elle retient son souffle.
Baillergeau, le 13 avril 2025. – Chaque année, la tradition voulait que les rues de Port-au-Prince s’emplissent de sons et de ferveur dès la veille du dimanche des Rameaux. La ville vibrait au rythme des bandes à pied, qui, tambour en main, parcouraient artères et ruelles. Elles poussaient la foule à entrer dans la semaine sainte avec force et spiritualité.
Des routes comme la rue Capois, Lalue, le marché Salomon, la rue Chavannes, la ruelle Alerte, mais aussi des zones comme la rue Tunnel, Jean Philippe, Baillergeau ou encore Croix-des-Prés vibraient autrefois aux sons de Diagalo, Chamo Band, Fashion Matté, Jaguars Band, New-York New York, Raram No Limit, Relax ou encore Rosa Band. Ces groupes marquaient les esprits par leur énergie, représentant un canal d’expression populaire et culturelle profond.
Plus que de simples formations musicales, ces bandes incarnaient une culture de résistance, de foi et d’identité collective. En 2025, tout est figé. Aucun tambour, aucune flûte de bambou, aucun groupe n’a osé briser le silence.
Les traditionnelles descentes vers la rue Capois, les croisements animés à la rue Chavannes ou les tapages joyeux de la ruelle Alerte sont restés vides. L’insécurité est telle que même les plus téméraires ont dû se soumettre à la crainte. Les Rameaux se sont célébrés dans l’ombre d’un silence imposé par les gangs, qui dictent désormais leur loi dans une ville sans contrôle.
Tant que les routes resteront sous leur emprise, les espaces de rassemblement resteront synonymes de danger. Les traditions s’effaceront une à une. Et la société haïtienne continuera de perdre ces repères essentiels, sans que l’ordre ne soit rétabli.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
13 Avril 2025 Société VBI - Autrefois, la semaine sainte en Haïti vibrait au rythme de la foi, de la mémoire chrétienne et de traditions populaires, ancrées dans la culture du pays. Du vendredi saint au dimanche de Pâques, chaque moment était marqué par des rites symboliques, des coutumes familiales et un esprit de recueillement collectif. Aujourd’hui, ces traditions s’effacent peu à peu, englouties par la réalité brutale de l’insécurité généralisée.
Port-au-Prince, le 13 avril 2025. – En effet, cette période était visible et vibrante. Le ciel se remplissait de cerfs-volants, les églises résonnaient de cultes et de chants. Les familles se réunissaient autour de plats traditionnels. En 2025, tout cela semble appartenir à un autre temps. Faire voler un cerf-volant est devenu un acte rare, presque interdit. Le simple fait d’être sur un toit avec un cerf-volant en main représente un danger. Les balles perdues, fréquentes même dans des zones hors du contrôle des gangs, dissuadent toute tentative. La tradition a disparu, remplacée par la peur ...
Des milliers de personnes vivent aujourd’hui dans des conditions précaires. Elles n’ont ni le temps ni l’espace pour célébrer quoi que ce soit. La survie est devenue la priorité. Les rites religieux sont relégués au second plan. Les traditions se perdent et personne n’a le luxe d’y penser.
Les églises, elles aussi, ont vu leur programmation bouleversée. Le chemin de croix du vendredi saint, autrefois organisé en procession dans les rues, n’aura pas lieu au centre-ville cette année. Les artères principales, notamment le Champ de Mars, l’avenue Christophe et les environs, sont désormais contrôlées par des gangs. Cela empêche tout rassemblement public. Malgré les efforts de l’Église catholique pour adapter les célébrations, les fidèles peinent à y accéder.
Les églises protestantes du centre-ville, notamment les pentecôtistes et les baptistes, ont également suspendu leurs cultes liés à la semaine sainte. La traditionnelle prononciation des sept paroles de Jésus sur la croix ne sera pas entendue cette année. La majorité de ces temples sont inaccessibles depuis les nouvelles offensives du début de l’année.
Plus de Passion du Christ, ni d’activités festives …
Autrefois diffusé massivement à la télévision locale, le film La Passion du Christ, qui retraçait les dernières heures de Jésus, est aujourd’hui totalement absent des écrans. D’une part, l’insécurité et les préoccupations quotidiennes ont pris le dessus. D’autre part, la majorité des chaînes locales sont à l’arrêt. Elles ne sont plus en mesure d’assurer leur grille de diffusion traditionnelle.
Plus aucun promoteur n’ose organiser de festivités ou d’événements culturels. Les gens ne cherchent plus à se rassembler, mais à fuir. Ils courent de refuge en refuge, de maison en maison, loin des balles, loin des braquages, loin de la terreur.
Dans ce désordre national, que font les autorités ? Comme à chaque fête, religieuse ou nationale, on attend une note de presse. Quelques mots symboliques seront peut-être prononcés, accompagnés d’une action ponctuelle pour sauver les apparences.
Mais sur le terrain, rien de concret pour enrayer cette spirale de chaos. Rien pour restaurer les traditions. Rien pour freiner l’avancée des groupes armés. Le pays, impuissant, attendra une autre fête, une autre date, pour une nouvelle note.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
12 Avril 2025 brèves VBI - Les pluies diluviennes qui s’abattent sur plusieurs régions du pays ces derniers jours ont provoqué de sérieux dégâts, notamment dans le département du Sud. Samedi, la situation était particulièrement préoccupante. Selon des témoins sur place, les principales voies menant au centre-ville, déjà dégradées, sont désormais submergées par les eaux.
Les Cayes, 12 avril 2025 — Depuis plusieurs jours, des pluies intenses s’abattent sans répit sur divers départements, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Ces averses transforment les rues en véritables rivières, entravant les déplacements des habitants, perturbant la circulation des véhicules et ralentissant les activités économiques.
Aux Cayes, des images partagées par les habitants témoignent de l’ampleur des inondations. Les canaux de drainage, obstrués par des déchets, débordent. De nombreuses rues sont devenues impraticables, plusieurs maisons sont inondées, et certaines ont subi d’importants dommages matériels, selon ces mêmes témoignages.
Malgré l’état alarmant de plusieurs zones du centre-ville, aucune perte en vies humaines n’a été signalée jusqu’à présent. Toutefois, les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles pour la population locale.
Ces inondations mettent une nouvelle fois en lumière les graves lacunes des infrastructures urbaines du pays. La commune des Cayes, particulièrement touchée, illustre à quel point les systèmes d’assainissement demeurent insuffisants face aux aléas climatiques. Il revient aux autorités compétentes de prendre des mesures concrètes pour renforcer ces infrastructures et prévenir d’éventuelles catastrophes.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)
Gazette haiti.com
Plusieurs conteneurs, soupçonnés de transporter des armes et des munitions, auraient mystérieusement disparu de la douane de Belladère, selon les déclarations du délégué départemental du Centre, Frédérique Occéan, dans une vidéo publiée par les médias locaux sur les réseaux sociaux samedi 8 mard 2025. Le délégué départemental affirme également avoir été la cible d’une tentative de corruption orchestrée par un « proche » du directeur de la douane, qui lui aurait proposé une somme de 250 000 gourdes par mois en échange de son silence. L’individu en question a depuis été placé en garde à vue.