Le Congrès américain a adopté, jeudi 3 juillet, le mégaprojet loi budgétaire de Donald Trump, lors d'un ultime vote serré à la Chambre des représentants.

Le locataire de la Maison Blanche a donné de sa personne pour valider la première grande victoire législative majeure de son second mandat.

Le texte, contre lequel l'opposition démocrate est vent debout, devrait accroître la dette des États-Unis de plus de 3.000 milliards de dollars d'ici à 2034.

Une victoire à l'arraché pour Donald Trump. Le président des États-Unis a remporté, jeudi 3 juillet, la première victoire législative majeure de son second mandat, après l'adoption au forceps par le Congrès américain de sa "grande et belle loi" budgétaire, clé de voûte de son programme économique. Après le Sénat, qui l'avait approuvé de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte de 869 pages, là encore au terme d'un vote serré, précédé de multiples pressions et tractations.

"VICTOIRE", s'est immédiatement réjoui la Maison Blanche sur X. Pour décrocher ce succès, le milliardaire républicain a donné de sa personne. Il a parlé au téléphone à des républicains récalcitrants jusque tard dans la nuit pour les convaincre de voter en faveur de sa "One Big Beautiful Bill".

Le locataire du Bureau ovale avait même élever le ton sur sa plateforme Truth Social. "Qu'est-ce que les républicains attendent ??? Qu'est-ce que vous essayez de prouver ???", avait-il lancé. "MAGA n'est pas content, et ça vous coûte des voix", avait averti tout en majuscules le président de 79 ans, en référence à son mouvement "Make America Great Again".

Initialement prévu la veille, le vote final n'a eu lieu que jeudi à Washington, la veille de la célébration du 4 juillet, fête de l’indépendance. Et après un discours de près de neuf heures - un record à la Chambre des représentants - du chef de file des élus démocrates, Hakeem Jeffries, qui a tenté de repousser le vote au maximum. L'opposition affichée de plusieurs élus conservateurs, dénonçant le creusement de la dette publique attendu avec cette législation, avait auparavant forcé le camp présidentiel à le retarder.

Avec une majorité de seulement huit sièges, le parti républicain ne pouvait pas se permettre plus de trois défections. Seulement deux élus républicains ont finalement voté "contre", après d'intenses négociations menées par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avec l'aide de la Maison Blanche.

Vers une explosion du déficit public

Depuis plusieurs semaines, Donald Trump pressait le Congrès d'adopter sa grande loi budgétaire avant vendredi 4 juillet, jour de la fête nationale, qu'il a fixé comme échéance symbolique pour sa promulgation. Celle-ci prévoit la prolongation des baisses d'impôts massives pour les particuliers et les entreprises mises en œuvre en 2017 au cours de son premier mandat, et qui expiraient à la fin de l'année, l'élimination de l'imposition sur les pourboires et les heures supplémentaires jusqu'en 2028, promesse phare de sa campagne électorale, de même que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l'immigration.

Selon des analyses indépendantes, les principaux bénéficiaires seront les ménages les plus aisés, tandis que des millions d'Américains aux revenus modestes pourraient perdre leur accès à des programmes publics d'assurance santé ou d'aide alimentaire. Pour compenser en partie le creusement du déficit, les Républicains prévoient en effet de sabrer dans Medicaid, programme public d'assurance santé dont dépendent des millions d'Américains aux faibles revenus. Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est aussi prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.

Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d'ici à 2034. Sans surprise, les démocrates s'opposent en bloc au texte. Pour Hakeem Jeffries, cette loi est une "monstruosité répugnante" qui "fera souffrir les Américains ordinaires" au profit des plus riches.