Une histoire d'art et de violence
Durant les cinq ans de fermeture du Centre Pompidou pour travaux, dix œuvres appartenant aux collections du musée continuent à vivre autrement, sous la plume d’un écrivain. Le tableau d'Henri Matisse Grand intérieur rouge fait ainsi l'objet d'un roman dessiné imaginé par Dany Laferrière dans lequel il mêle faits authentiques et fiction. L'histoire, située à Port-au-Prince (Haïti), est celle d'Izo, chef de gang qui tue Nix, jeune peintre.
"Quand j'ai eu la demande de Grasset et du musée Pompidou, je ne voulais pas que ce soit un truc vieux, poussiéreux, parler de la peinture de façon aérienne, abstraite", explique Dany Laferrière. L'écrivain né en Haïti dit avoir été fasciné et touché au fond de lui par le tableau de Matisse. "Je voulais mettre ce tableau dans ce bidonville pour voir s'il pouvait tenir face au meurtre, face à la violence", indique l'écrivain. "Je me suis dit que ce serait intéressant de l'emmener dans cette réalité brûlante, haïtienne. (...) L'intérêt de ce livre, c'est de voir que dans le même quartier, dans le même bidonville où des jeunes tuent, d'autres aussi font de la peinture", détaille encore Dany Laferrière.
"Parler de la dette de l'esclavage"
Alors que la question se pose du remboursement par la France à Haïti de la dette de l'indépendance, Dany Laferrière appelle à parler davantage de "la dette de l'esclavage". "J'ai dit que j'étais contre le mot 'dette de l'indépendance' parce que l'indépendance est une chose si grave, si sacrée, si importante qu'on ne devrait pas la mêler à cette dette qui est arrivée bien plus tard et qui était une rançon plus qu'une dette", explique l'écrivain.