PORT-AU-PRINCE, dimanche 6 juillet 2025 (RHINEWS) — Alors que la violence des gangs ne cesse de s’intensifier en Haïti, les lieux de culte se retrouvent en première ligne des attaques terroristes menées par l’organisation terroriste “Viv Ansanm”. Églises chrétiennes, temples vodous et loges maçonniques sont systématiquement pris pour cibles dans une campagne de terreur qui vise à démanteler les piliers spirituels, sociaux et culturels de la société haïtienne.
Parmi les cas les plus emblématiques figure celui de l’Église de Dieu de la Rue du Centre, située près de Portail Léogâne, bastion du gang “5 Secondes” dirigé par “Izo”, figure centrale du réseau Viv Ansanm. Cette église historique, considérée comme le siège principal de la mission des Églises de Dieu en Haïti, a été à nouveau pillée. Déjà dépouillée de ses instruments de musique, équipements électroniques et groupe élehctrogène lors de précédentes attaques, cette église comprenant plus de 8 mille membres, qui compte une école classique et une école supérieure, a désormais été vidée de tous ses bancs et mobilier, ne laissant que des murs, témoins d’un culte réduit au silence par la terreur.
Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Des dizaines d’églises à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince, mais aussi dans les départements de l’Artibonite et du Plateau Central, ont subi le même sort : incendies volontaires, pillages, profanations. Selon les témoignages recueillis par RHINEWS, certaines congrégations sont aujourd’hui contraintes de se réunir dans des maisons privées, par peur de représailles.
Des temples vodous ont également été attaqués, ainsi que plusieurs loges maçonniques, malgré l’appartenance revendiquée du chef de gang Jimmy “Barbecue” Chérizier à la franc-maçonnerie. Jusqu’à présent, aucune déclaration officielle n’aurait été émise pour condamner ces actes, un silence jugé incompréhensible par de nombreux haïtiens confrontés à la violence aveugle de “Viv Ansanm.”
Cette vague d’attaques ciblées contre les institutions religieuses semble s’inscrire dans une stratégie plus large de terreur orchestrée par Viv Ansanm. Le dernier rapport du Conseil de sécurité des Nations unies alerte sur « l’intensification alarmante de la brutalité » des gangs et documente une série de massacres ayant fait entre 70 et plus de 200 morts chacun à Port-au-Prince et dans l’Artibonite, entre octobre 2024 et février 2025.
Au total, près de 5.600 personnes ont été tuées en 2024 à la suite des exactions de cette organisation criminelle, tandis que plus de 1,3 million de personnes sont déplacées, souvent contraintes de fuir des zones désormais contrôlées par des bandes lourdement armées. Ces dernières n’hésitent pas à transformer les infrastructures abandonnées — écoles, églises, centres de santé — en bases d’opération.
Le rapport de l’ONU dénonce aussi l’échec des autorités haïtiennes à endiguer l’expansion territoriale de Viv Ansanm, facilitée par l’effondrement de la Police nationale d’Haïti, rongée par des tensions internes, un sous-équipement chronique et des pertes humaines considérables. La faiblesse de l’État permet ainsi aux gangs d’agir en toute impunité, plongeant le pays dans un cycle de chaos sans limite.
À ce rythme, ce n’est plus seulement l’État qui est menacé, mais le fondement même de la société haïtienne, avec ses croyances, ses valeurs et ses repères. Dans un pays déjà meurtri par des décennies d’instabilité, l’éradication délibérée des lieux de culte constitue une attaque frontale contre l’âme du peuple haïtien.