Il arrive que, dans le vacarme des épreuves et le poids des jours, une nouvelle inattendue surgisse comme une braise vive. La sélection de Yanick Lahens pour le Grand Prix du Roman 2025, avec Passagères de nuit, en plus de sa nomination au Prix Goncourt, en est une.
Ce n’est pas seulement une reconnaissance littéraire : c’est une brèche ouverte dans la grisaille, un souffle qui traverse nos fatigues collectives. La littérature, avec sa puissance d’évocation, nous restitue un territoire de clarté où l’imaginaire sert de refuge et de tremplin. Dans un pays traversé par la tourmente, chaque geste de lumière, aussi ténu soit-il, devient signe de résistance et de fierté.
Et moi, citoyen haïtien et ancien étudiant de Madame Lahens à l’Ecole Normale Supérieure, je suis tellement fier et je dis : merci Yanick, merci pour Haïti.
Cette distinction n’appartient pas qu’à Yanick Lahens, elle rejaillit sur une communauté entière, sur une mémoire dispersée mais toujours vibrante. Elle nous rappelle que, même exilées ou entravées, nos voix persistent à franchir les frontières, à s’ériger contre l’effacement. Dans l’ombre des temps, Passagères de nuit devient étendard d’espérance.
Yves Lafortune,
Brickell City, le 2 Octobre 2025