21 juin 2025 - PORT AU PRINCE, samedi 21 juin 2025 (RHINEWS) – Dans un entretien diffusé vendredi 20 juin, Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), a appelé le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé à une collaboration sans faille dans la lutte contre les gangs armés désignés comme organisations terroristes étrangères. Il a pointé du doigt des carences dans l’utilisation des drones armés, pourtant acquis avec les deniers publics, dénonçant l’absence d’un appui aérien systématique aux unités spéciales de la PNH, indispensable pour neutraliser les chefs de bande.
Rappelant que ces drones, financés par le Trésor public, devaient avant tout servir la sécurité des citoyens, M. Jean a souligné l’inadmissibilité qu’ils soient employés de façon arbitraire, selon la volonté de responsables gouvernementaux. Il a réaffirmé la détermination du CPT à intensifier les opérations, lancées fin novembre 2024, estimées essentielles pour remettre les gangs hors d’état de nuire.
Il a également annoncé l’arrivée de quatre vedettes rapides, offertes par les États Unis, destinées à renforcer les patrouilles maritimes face à des chefs de gangs qui multiplient leurs incursions via la mer. Selon un bilan de l’initiative, l’usage des drones provoque des blessés civils, notamment des femmes et des enfants, suscitant des inquiétudes quant au respect des droits et à la transparence des opérations .
Fritz Jean s’en est pris aux groupes mafieux exploitant la misère des jeunes pour maintenir un statu quo, décrivant un bras de fer entre ceux qui « ont capturé l’État et détiennent ses ressources » et ceux qui revendiquent un État au service du peuple. Il a insisté sur la nécessité d’une réforme profonde de l’État, répondant de manière structurelle aux besoins fondamentaux de la population.
Sur le front de la communication, il a vigoureusement réfuté les rumeurs de détournement des fonds du renseignement. Contrairement aux accusations selon lesquelles chaque conseiller-président bénéficierait de salaires exorbitants, il a expliqué que seuls les privilèges associés à la présidence avaient été répartis entre les neuf membres du CPT.
Depuis quelque mois, les autorités haïtiennes ont recours à des drones modifiés pour frapper les quartiers tenus par les gangs, sans avoir déclaré officiellement la responsabilité de ces opérations, malgré les craintes concernant leur efficacité et les dommages collatéraux.
À l’heure où la pression internationale, notamment via la désignation des gangs comme organisations terroristes, augmente, ce discours de Fritz Jean met en exergue l’enjeu majeur de la cohésion nationale et stratégique, indispensable pour assurer la légitimité et l’efficacité des actions menées contre l’insécurité endémique.
Fritz Alphonse Jean adopte une posture de garant de l’intérêt national, appelant à plus de cohésion institutionnelle et à une utilisation responsable des outils militaires modernes. Tout en renforçant la riposte face aux gangs, il prend soin de maintenir une posture transparente — notamment face aux accusations financières — et d’inclure les partenaires étrangers comme les États Unis. Il reste cependant une inconnue sur les modalités précises de coordination entre le CPT, le gouvernement, la PNH et les acteurs privés ou internationaux impliqués tels que Erik Prince ou d’éventuels prestataires en drones, comme le souligne la presse spécialisée .
Le défi est double : maintenir la pression sur les gangs tout en rassurant la population quant à la légitimité et à la transparence des opérations. Au cœur de cette stratégie, la cohésion gouvernementale apparaît comme un levier indispensable pour transformer ces moyens militaires en progrès concret pour la sécurité des Haïtiens.