Les 42 membres du Black Caucus du Congrès des Etats-Unis (CBC) ont appelé jeudi le Président George W. Bush à fournir une assistance immédiate plus substantielle à Haïti en situation de crise alimentaire et à entreprendre des actions décisives notamment en faveur de l’effacement de la dette extérieure du pays, rapporte la presse américaine. A l’initiative d’Alcee Hastings, Représentant de Miramar (Floride), les congressmen ont adressé au locataire de la Maison Blanche une lettre ouverte dans laquelle ils expriment leurs préoccupations face à l’instabilité économique et politique dont souffre Haïti. Ils en ont profité pour solliciter une rencontre avec le Président qui sera consacrée à ce dossier brûlant. Les pétionnaires ont également souhaité l’intervention de Bush en faveur de l’annulation immédiate de la dette du pays et de l’extension du statut temporaire protégé (TPS) au bénéfice des ressortissants haïtiens vivant en situation irrégulière aux Etats-Unis et menacés de déportation. "Haïti souffre d’une extrême pauvreté, de la destruction de son environnement, de l’ínstabilité politique et maintenant d’une crise alimentaire en raison des prix élevés des produits provoquant des protestations civiles", écrivent les parlementaires noirs américains en s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles Haïti n’a pas bénéficié de la compassion et de la générosité des Etats-Unis au moment où elle est confrontée à une crise humanitaire. La semaine dernière, la Chambre des Représentants (Députés) avait approuvé à l’unanimité une résolution demandant à l’administration Bush d’effacer les 48,7 millions de dette d’Haïti envers les Etats-Unis et de s’impliquer totalement dans la recherche de l’annulation de la dette globale du pays estimée à environ 1,5 milliard de dollars.
Le Secrétaire général de l’ONU a écrit à plus d’une douzaine d’États membres clés pour leur demander de contribuer de façon urgente afin de faire face à la situation qui prévaut actuellement en Haïti, où la rapide détérioration des conditions socio-économiques a provoqué d’importantes tensions et des émeutes, informe un communiqué daté du 24 avril du Service de presse des Nations Unies. « Le Secrétaire général pense qu’Haïti fait des progrès considérables vers la stabilité politique, économique et sociale, qui est cruciale si on veut éviter un recul qui ferait disparaître les gains accumulés au cours des quatre dernières années ». Ban Ki-moon a relevé l’impact significatif de l’augmentation du prix de certaines denrées alimentaires sur la population haïtienne qui s’est exprimée lors de violentes manifestations au début de mois. « Le système des Nations Unies fera tout son possible pour aider Haïti, mais il faut une aide urgente de la part des donateurs pour réaliser de vrais progrès », selon le communiqué dans lequel sont sollicités des fonds et des contributions en nature pour répondre aux besoins urgents et permettre aux programmes en cours en Haïti de continuer.
De nombreuses personnalités internationales se rendent ces jours-ci en Haïti confronté à une double crise, alimentaire et politique, après la destitution du Premier ministre il y a presque deux semaines suite à de violentes émeutes de la faim. La série des visites officielles a commencé dimanche 20 avril avec l’arrivée du Maire de Montréal, Mr Gérald Tremblay. Lundi c’était la venue à Port-au-Prince pour 48 heures du secrétaire d'état français à la Coopération Alain Joyandet. Puis jeudi aveccela a été l'arrivée dans la capitale haïtienne d'une importante délégation internationale dirigée par le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains, Miguel Insulza. Vendredi, le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos est arrivé dans la capitale haïtienne. Il précède le révérend américain Jessie Jackson qui doit arriver samedi.
Ces visites illustrent "la préoccupation" de la communauté internationale, avait souligné mercredi M. Joyandet. La hausse du prix des produits alimentaires de base dans un pays qui dépend largement de l'importation pour son alimentation avait poussé des milliers de personnes dans les rues de plusieurs villes haïtiennes. La Banque mondiale, la FAO mais aussi des pays commes les Etats-Unis, la France et le Brésil ont déjà annonçé une augmentation de leur aide à Haïti. Cependant, de nouvelles menaces d'émeutes circulent à Port-au-Prince où les prix des denrées alimentaires continuent de grimper en dépit de mesures annoncées par le président René Préval. La misère est criante. Plus de la moitié des 8,5 millions d'Haïtiens est sans emploi. Le secrétaire d'état français s'est dit "personnellement choqué" de voir les conditions dans lesquelles vivaient la plupart des habitants, dont plus de 70% disposent de moins de deux dollars par jour. La crise alimentaire et les émeutes ont conduit à la déstabilisation politique du pays qui tente de sortir difficilement de longues années de violents troubles politiques. Une semaine après le début des émeutes, le Sénat haïtien a destitué le Premier ministre Jacques-Edouard Alexis, accusé de laxisme par ses adversaires. Mais près de deux semaines plus tard, le président Préval, qui consulte quotidiennement, n'a toujours pas nommé de nouveau chef du gouvernement, provoquant un vide qui "inquiète" la communauté internationale, a commenté Alain Joyandet. Un groupe de 16 sénateurs a donné jusqu'à vendredi au chef de l'Etat pour désigner un nouveau Premier ministre. "Les signes d'impatience de la population pourraient se transformer en nouvelles manifestations", ont-ils prévenu. C'est pourquoi le chef de la mission de l'ONU en Haïti Hédi Annabi parle de calme précaire dans le pays, souhaitant la nomination "au plus vite" d'un nouveau gouvernement. Jeudi, le secrétaire général de l'OEA José Miguel Insulza est arrivé à la tête d'une importante délégation. L'Argentine, le Brésil, le Canada, le Mexique, les États-Unis, l'Union Européenne et le secrétaire général de Nations unies y sont représentés. "Le but de la visite est de transmettre aux Haïtiens et au gouvernement le soutien de l'OEA, du Groupe des amis d'Haïti et des organisations internationales, suite aux récents événements causés par la flambée des prix des aliments", précise un communiqué de l'OEA. Vendredi, la délégation internationale doit rencontre le président Préval, élu en février 2006 et qui fait face à sa première grave crise politique.
(AFP) - Le Fonds monétaire international (FMI) s'est dit vendredi "profondément préoccupé" par les conséquences de la crise alimentaire en Haïti.
"Profondément préoccupé par l'impact social de la hausse des prix des denrées alimentaires, le FMI est déterminé à épauler les efforts que déploie le gouvernement haïtien pour atténuer les souffrances des populations, tout en préservant la stabilité économique", a affirmé le chef de mission du FMI pour Haïti, Andreas Bauer.
"En tant qu'importateur net de denrées alimentaires, Haïti a été frappé de plein fouet par la flambée des prix internationaux qui continue d'infliger de grandes souffrances aux populations haïtiennes", a-t-il estimé.
M. Bauer s'est rendu à Port-au-Prince du 22 au 24 avril pour faire une évaluation préliminaire deset d'adapter le cadrage macroéconomique du programme appuyé par la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) à la nouvelle donne liée à ce choc exogène récents événements survenus en Haïti et leur impact sur le programme économique du gouvernement.
"Nous travaillons en étroite collaboration avec les bailleurs de fonds et les autorités afin de suivre l'évolution des besoins d'Haïti en assistance financière ", a affirmé M. Bauer.
"Une mission du FMI se rendra bientôt en Haïti pour achever ce travail et conduire la troisième revue du programme", a-t-il assuré.
Six personnes, dont un policier de l'ONU, ont été tuées, environ 200 blessées et de nombreux dégâts matériels enregistrés lors d'émeutes de la faim qui ont coûté son poste au Premier ministre haïtien Jacques-Edouard Alexis mi-avril.
Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos en visite en Haïti a exprimé vendredi sa solidarité avec la population de ce pays et annoncé une aide de 1,5 million d'euros pour faire face à la crise alimentaire. "Je suis venu pour montrer la solidarité de l'Espagne à Haïti. On doit pouvoir compter sur les amis dans les moments de difficultés", a déclaré M. Moratinos lors d'une conférence de presse. Il a qualifié d'"historique" la visite pour la première fois en Haïti d'un ministre espagnol des Affaires étrangères, assurant de la volonté de son pays de travailler pour la stabilité et la prospérité d'Haïti. L'Espagne a ainsi décidé d'accorder au pays le plus pauvre du continent américain 1,5 million d'euros pour faire face à la crise alimentaire et à la hausse des prix des produits de base, a annoncé M. Moratinos tout en assurant le maintien de l'aide budgétaire de 17 millions d'euros fournis par son pays annuellement au gouvernement d'Haïti. M. Moratinos, qui a été reçu vendredi par le président haïtien René Préval, a assuré que la nomination d'un nouveau Premier ministre, pour remplacer Jacques-Edouard Alexis destitué il y a deux semaines, "sera résolue très rapidement". "J'en ai parlé au président Préval, je l'ai trouvé serein mais déterminé à désigner un Premier ministre qui trouve le soutien et le consensus de tous les secteurs", a-t-il déclaré. Durant son séjour en Haïti, le diplomate espagnol a rencontré Jacques-Edouard Alexis, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement d'Haïti. Il a en outre assuré que son pays continuera de contribuer à la force de stabilisation de l'ONU en Haïti en participant à la formation de policiers haïtiens. Six personnes, dont un policier de l'ONU, ont été tuées, environ 200 blessées et de nombreux dégâts matériels enregistrés lors d'émeutes de la faim qui ont coûté son poste à Jacques-Edouard Alexis mi-avril.