FURCY, 15 Février – Les photos du carnaval du Cap-Haïtien sont plutôt pauvres en signification. Des chars musicaux et quelques groupes de danseurs sans plus.
Mais pas de ‘bèf’ (bœufs), ni d’indiens – de Caonabo, Cotubanama ou du Xaragua, pas de morts-vivants (‘vivi griyen dan’), pas de monstres, pas de Choucoune, pas de loups-garous, pas de ‘mèt kalfou’, pas de ‘tresser rubans’. Même pas une ‘la maillote’. Bref, où est le patrimoine culturel, où est le passé historique joliment rendu avec humour qui est le propre du carnaval haïtien ?
Le carnaval dit décentralisé, à sa deuxième édition, semble avoir déjà vécu. Même quand le public se déchaine, même quand c’est, comme on dit, succès plus foule, il n’empêche ce n’est pas ça le carnaval. Et avant peu de temps il n’en restera rien qui ressemble de près ni de loin à un carnaval. Sauf à prendre le mot dans son sens le plus péjoratif. Une affaire sans aucun sens.
Un étalage croustillant …
Car partout le carnaval c’est un héritage culturel accumulé au cours des ans, au fil des siècles. A Venise on ne saurait remplacer le masque de Casanova par celui de Superman. Ni à la Nouvelle Orléans la trompette de Louis Armstrong ouvrant le défilé à travers les rues du Vieux quartier - par la musique Nu Jazz de Berlin.
A Rio, la danse samba est apprise très tôt aux tout petits.
A Jacmel ce sont les monstres en papier mâché remontant aux temps les plus anciens.
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PORT-AU-PRINCE, 24 Février – On ne peut ne pas ressentir une certaine gêne quand des élus se réfèrent aux pères de la patrie (Haïti est indépendante depuis 1804, la première nation noire qui ait acquis sa liberté par les armes et issue directement de l’esclavage) pour des considérations économiques très actuelles.
Idem dans les conversations en ville, principalement dans les milieux intellectuels. C’est touchez pas à mon patelin ! Touchez pas à nos trésors (minerais d’or, cuivre et même uranium - car il n‘est pas interdit de rêver) dont notre sous-sol soudain abonde.
Pourtant le président équatorien, Rafael Correa, économiste, âgé de 49 ans, vient d’être réélu massivement pour un troisième mandat de 4 ans.
Principal titre de gloire : il a sorti l’Equateur du marasme économique en utilisant à bon escient les ressources minières du pays – qui a aussi un peu de pétrole.
Son homologue bolivien, Evo Morales, tente de faire de même.
Le Cubain Raul Castro, idem.
Ne parlons pas du Chili dont l’exportation du minerai de cuivre est la principale source de revenus.
Le Chili a passé un contrat avec la Chine d’un montant de plus de 1,3 milliard de dollars l’an garantissant à cette dernière une livraison stable de cuivre chilien.
Haïti exportait aussi du minerai de cuivre (SEDREN - Gonaïves) ainsi que de la bauxite (minerai d’aluminium) à Paillant, dans les hauteurs de Miragoane (Nippes).
Mais la SEDREN ainsi que la Reynolds Mining ont fermé après épuisement des sites dans les années 1970.
Vint ensuite une longue période où l’on entendit que les ressources minières ne font pas de prix.
PETITE RIVIERE DE NIPPES, 2 Mars – Jean Claude Duvalier avait quelques réponses fin prêtes dont le fameux : ‘qu’avez-vous fait de mon pays ?’
Et il précise : ‘pendant mon gouvernement tout n’était pas rose mais il y avait moins d’insécurité et moins de misère.’
Cette déclaration devait probablement constituer l’arme secrète pour le conseil de défense de l’ex-dictateur qui comparaissait le jeudi 28 février écoulé devant la cour d’appel de Port-au-Prince pour répondre d’accusations de crimes contre l’humanité (arrestations et détentions arbitraire, disparitions, exécutions extrajudiciaires, massacres, bref tout ce qui constitue la panoplie des crimes du duvaliérisme) ainsi que de détournement de fonds publics. Au moins 100 millions de dollars emportés dans ses bagages au moment de son renversement par un mouvement populaire le 7 février 1986.
‘Je serai en droit de dire à mon tour : qu’avez vous fait de mon pays ?’ s’écrie l’inculpé avec à proximité son égérie (et probablement souffleuse) Véronique Roy.
Donc c’était le prix à payer avec ces dizaines de milliers de morts, disparitions et tristes départs pour un exil sans retour enregistrés pendant les trente années du régime le plus sanguinaire de l’histoire récente du continent.
Mépris de la vie de ses compatriotes …
Jean Claude Duvalier dévoile ici son mépris de la vie de ses compatriotes. Il ne pouvait en être autrement puisque c’était là la force du régime. A la moindre alerte, exécuter toute une famille (les Sansaricq, les Benoit, les Bajeux) ou tout un village (Cazale).
Jean Claude Duvalier n’a jamais entendu parler de Fort Dimanche sinon que comme une prison pour délinquants et trafiquants de drogue.
TI-MOUILLAGE, 10 Mars – Haïti pays de plages, pays de rêve, pays d’amour, dit la chanson. Et ce n’est pas faux si l’on regarde autour de nous avec des yeux moins aliénés par les problèmes du quotidien.
Nos plages sont encore immaculées et aux quatre coins du pays (Port Salut, Kabik, Labadie, Cormier, Côte des Arcadins, Grosse Roche, Anse d’Azur, Le Borgne etc).
Nous sommes les seuls ou presque dans les Antilles à avoir la mer turquoise.
Le nom Haïti signifie terre montagneuse, faite pour les moto-cross comme démontré en ce moment même par le mouvement ‘Ayiti bèl, Ayiti vèt.’
De plus tout un pays à reboiser, ce devrait être stimulant, non !
Mais mieux encore, des îles adjacentes parmi les plus célèbres de toute la terre : La Tortue (Tortuga), aujourd’hui encore le prétexte à une série cinématographique à 4 D (Jack, vous connaissez).
Et son alter ego, Morgan, anciennement Ile à Vaches.
La Mecque …
Que nous faut-il de plus pour être la Mecque touristique du moins de toute la zone Caraïbe ?
PORT-AU-PRINCE, 17 Mars – Tout le monde sait que pour les Etats-Unis la règle d’or en économie c’est laisser jouer la compétition en intervenant le moins possible.
Tandis que chez nous en Haïti notre premier mouvement c’est de placer des barrières, ce sont les règlements.
D’où le reproche qui nous est fait aujourd’hui (notation annuelle ‘Doing business’) que l’Etat haïtien met jusqu’à deux ans à légaliser la création d’une entreprise.
Alors que dans d’autres pays, y compris chez nos voisins de la République dominicaine, cela prend aisément quelques heures.
Cet aspect est plus que jamais vital aujourd’hui que toutes les économies ont besoin de rebondir pour émerger de la crise économique …
Et paradoxalement aussi avec les nouvelles technologies de la communication en constante évolution et qu’il faut gêner le moins possible dans leur avance inexorable.
Un téléphone cellulaire, nous affirment les experts, et alors que vous chérissez tant le vôtre ! - a une durée de vie d’une année à peine avant qu’une nouvelle génération plus performante ou une autre marque (Black Berry versus I-Phone ou Samsung) ne le descende de son piédestal.
Mathusalem ! …
Peut-on vouloir continuer à légiférer à tort et à travers (comme on en voit chez nous qui s’agitent aujourd’hui pour créer une nouvelle loi sur la presse comme si c’était ce qu’il y avait de plus urgent) ou bien maintenir des lois datant du ‘temps benmbo’ (autrement dit de Mathusalem) et espérer prendre le train des innovations, principal facteur du redécollage à notre époque ?