PORT-AU-PRINCE, 20 Mars – C’est toute la presse aussi bien nationale que internationale qui tombe aujourd’hui dans ces généralités.
Les chaines d’informations en continu par la force des choses. France 24, TV 5, CNN World News ou autres. Dans l’obligation de s’alimenter à différentes sources et différentes capitales du monde, l’information est présentée à l’antenne comme une mosaïque aux pièces disjointes.
Par exemple, vous avez trois informations le même jour à la Une. Les réfugiés syriens, la famine au Sahel et comme troisième titre, le nouvel album de David Bowie.
Et devinez lequel des trois intéresse le plus aussi bien le téléspectateur que le présentateur (rien qu’à voir la moue de ce dernier), c’est David Bowie effectuant son come back pour le plus grand bonheur des fans et médias occidentaux.
La famine au Sahel n’aura été qu’un hors d’oeuvre.
Comme des coqs de gaguère …
Chez nous en Haïti la même généralisation de l’information est au goût du jour. La nouvelle conception de l’objectivité journalistique revient pour le journaliste à mettre deux personnes face à face, comme des coqs de gaguère, et à les regarder s’entredéchirer sans aucune autre intervention que des questions spécifiquement destinées à les chauffer à blanc et de plus en plus.
Lire la suite : Une presse qui risque de profiter aux bourreaux !
PORT-AU-PRINCE, 5 Avril – La sécheresse et les ouragans diminuent les ressources alimentaires en Haïti.
C’est l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) qui lance le signal d’alarme.
En conséquence près de 1million et demi d’Haïtiens vivent une situation d’insécurité alimentaire aigue.
Cela à cause de la sécheresse et du passage l’année dernière des ouragans Isaac et Sandy.
Ceci est la version de l’humanitaire. OCHA.
Mais de la même façon qu’on parlerait de l’Argentine où des inondations viennent de faire une cinquantaine de morts. Comme une situation purement conjoncturelle. Un accident de parcours.
Ainsi le discours humanitaire ne dit pas toute la vérité.
‘Les agences onusiennes et les organisations humanitaires travaillent avec le gouvernement (haïtien) pour atteindre des centaines de milliers de personnes avec de l’assistance alimentaire.’
Et puis l’année prochaine, idem. Plus ça change, plus c’est la même chose.
LAS VEGAS, 10 Avril – Fleur du désert parce que construite au milieu d’une des régions les plus arides du territoire américain, le Nevada, mais où le cactus et les ronces sont cultivés comme dans un verger, au petit soin, taillé au cordeau, c’est la plus grande merveille avec Las Vegas, plus que tous les palais et monuments on dirait le jour en carton pâte, mais la nuit qui s’allument comme un immense fanal de Noël, un défilé de chars allégoriques s’alignant des deux côtés du Strip, la plus grande avenue de cette métropole du jeu et du show business.
Bref, comme son fondateur l’a probablement voulu : un mirage.
L’idée est de reproduire ouvertement le complexe bien américain d’être le centre de l’univers.
Venise, avec son palais des doges et le lion de la place Saint Marc ; Tour Eifel ; le Parthénon ; y compris la Statue de la liberté car il ne faut le céder en rien même à une autre ville sœur (New York).
Nous sommes à Las Vegas pour l’exposition annuelle de la NAB (National Association of Broadcasters), le plus grand rendez-vous annuel d’entreprises en fabrication d’équipements radio et télévision.
Ils sont venus, ils sont tous là. Plusieurs centaines des plus célèbres marques de trois continents (nord-américain, européen et asiatique). Personne n’est absent à moins de ne plus exister ou d’avoir été absorbé par un concurrent car dans ce domaine des nouvelles technologies de la communication, les innovations sont quotidiennes et sans fin.
Une réalité le 15 juin 2015 ! …
Nous répondons à une invitation du Conatel (Conseil national des télécommunications), chargé de la transition d’Haïti à la télé numérique qui doit être une réalité le 15 juin 2015.
Les invités représentent les associations de médias du pays (Patrick Moussignac de RadioTéléCaraïbes ; Robert Denis de CanalBleu ; Jean Max Chauvet (Le Nouvelliste), Marcus Garcia, Mélodie FM ; Jean Lucien Borges de RadioTeleGinen ; les ingénieurs Fritz Joassain et Yvon Auguste. Notre accompagnateur est le chef de cabinet au Conatel, Mr. Schiller Jean-Baptiste.
En un mot, résume Patrick Moussignac, ‘le numérique est un fait accompli.’
Donc inutile de revenir sur le sujet.
Parmi les principaux points à l’ordre du jour figure d’abord : le choix entre les deux systèmes américain et européen (ATSC ; DVBT).
Ne comptons pas sur l’exposition qu’elle y réponde pour nous car celle-ci adresse le marché global et les mêmes compagnies créent pour les différents systèmes car il y a aussi le japonais et le brésilien.
Etablir une feuille de route
Le système choisi sera celui répondant au mieux aux spécificités du marché haïtien. Y compris la diaspora qui joue pour une large part le rôle de porte-monnaie pour les foyers haïtiens.
A ce sujet, le Conatel nous a introduit auprès de la ‘NAB Foundation’, une fondation qui peut nous aider à établir une feuille de route et définir les principales étapes du processus.
MIAMI, 30 Avril – Que veut dire ‘Déclaration de Pétion-Ville’ ?
Un néologisme apparu lors du dernier sommet des pays de l’AEC (Association des Etats de la Caraïbe).
‘Déclaration de Pétion-Ville’ c’est ainsi qu’a été titrée la Déclaration finale. A la vérité, elles sont deux déclarations.
Est-ce une façon de souligner la différence parce que ce sommet, sans précédent, a réuni les représentants de 25 nations, dont environ 8 chefs d’Etat et de gouvernement. Et non des moindres. Les présidents du Chili, du Mexique, du Honduras, Guatemala, de la République dominicaine etc.
Est-ce pour marquer l’événement d’une pierre blanche qu’on a inventé cette nouvelle terminologie : ‘Déclarations de Pétion-Ville’ ?
Est-ce que le sommet a eu lieu à Pétion-Ville ?
Non.
Il s’est déroulé au Karibe Convention Center, situé au Canapé Vert.
Le Canapé Vert ne se trouve ni à Pétion-Ville ni à Port-au-Prince. Mais à mi chemin.
Qui plus est, il semble que le premier texte ait été intitulé ‘Déclaration de Port-au-Prince’ (du moins le document fut lu ainsi dans les médias) puis le gouvernement a changé ensuite le titre pour ‘Déclaration de Pétion-Ville’.
Dans quel but ?
Comportement de nouveau riche …
Pour rendre hommage à Pétion-Ville, localité voisine qui a reçu un coup de balai - ce que tout le monde apprécie (Pétion-Ville, ancienne banlieue résidentielle a retrouvé depuis quelques semaines un peu de son lustre d’antan), mais est-ce que cela suffit pour condamner la capitale haïtienne à finir ses jours dans les décombres du séisme du 12 janvier 2010 ?
Est-ce un comportement de nouveau riche ? Pétion-Ville, le nouveau joyau qu’il faut mettre en valeur de toutes les façons possibles et imaginables, quitte à oublier que la capitale d’Haïti s’appelle Port-au-Prince. Et que c’est elle qui doit figurer dans tous les documents officiels. A côté du sceau de la République. Et du palmiste frappé du drapeau bleu et rouge !
PORT-AU-PRINCE, 7 Mai – On parle beaucoup de lutte contre l’impunité en Haïti.
S’il y a quelque chose de positif, c’est qu’on en parle. Mais c’est tout. Car la lutte contre l’impunité ce n’est pas seulement du discours. C’est Acta non verba. Même si ces actes se traduisent beaucoup par des mots. Mais au sens de : Enseignement. Car la lutte contre l’impunité n’est pas naturelle à l’homme comme on l’aurait crû. Bien au contraire. Et ni en Haïti, ni ailleurs.
Les exemples abondent.
Le peuple allemand aime jusqu’à ce jour se convaincre que c’est seulement Adolf Hitler qui a la responsabilité de la Seconde guerre mondiale et de la disparition de plusieurs millions de juifs et d’autres ethnies et minorités.
Le Français idem. A la fin de l’Occupation allemande (ce que les Français appellent la Libération), les purges contre ceux qui avaient collaboré avec l’occupant ou ‘collabos’ n’ont pas duré bien longtemps.
C’est des décennies plus tard que l’Etat français acceptera officiellement ses responsabilités dans la livraison de Juifs français à l’Allemagne nazie.
Tout oublier ! …
Comme si les peuples – une fois le mauvais moment passé – ne pensent qu’à tout oublier.