MIAMI, 5 Juillet – Les homos gagnent de plus en plus du terrain. La Cour suprême des Etats-Unis ratifie une disposition de la justice californienne en faveur du mariage de gens du même sexe.
Un sportif américain est puni pour avoir lancé à un coéquipier un mot, disons, plein de sous-entendu.
Stars de la presse et du petit écran confessent librement aujourd’hui leur orientation.
Enfin le président Obama se fait le promoteur du mouvement lorsque en conférence de presse avec le chef de l’Etat du Sénégal, le 27 juin dernier, il déclare que ‘tout le monde doit avoir les mêmes droits, quelles que soient la race, la religion, le genre, l’orientation sexuelle.’
A quoi son hôte, le président Macky Sall, s’est empressé de s’excuser poliment.
Enfin un journal de Miami titre : ‘Homo Hysteria’. De fait c’est une véritable hystérie. Gagnera-t-elle également Haïti ?
L’homosexualité n’est pas seulement, comme dit une expression, sortie du placard : elle a gagné l’autoroute et roule à la vitesse du son.
Homo hysteria versus Homo phobia ! …
Jusqu’à Haïti où le débat est lancé. Des articles de presse mettant face à face partisans et adversaires.
Homo hysteria versus Homo phobia !
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MIAMI, 12 Juillet – On répète que l’élite haïtienne n’est plus. Mais l’un des aspects de cette disparition qui reste inexploré c’est la diaspora haïtienne.
On se souvient qu’il y a encore quelque 30 ans à New York on divisait les Haïtiens entre ceux de Brooklyn et ceux de Queens.
Ces derniers étaient considérés comme une sorte de refuge ou de survivance de l’ancienne bourgeoisie haïtienne.
Mais aujourd’hui cette dernière a disparu dans la masse. Dans le ‘big melting pot.’ Mais, hélas, où il ne reste déjà rien de l’identité haïtienne.
Cependant contrairement à nos parlementaires qui pensent que détenir une seconde nationalité vous rend automatiquement moins haïtien, le problème est en amont. Si l’élite traditionnelle haïtienne en diaspora a déjà disparu, les causes sont en Haïti même.
On les appelle discriminations de toutes sortes ainsi que le refus de toute identification avec la culture populaire nationale.
Un système de castes basé sur la pigmentation de la peau et l’origine sociale limite considérablement les relations entre compatriotes.
Double blocage …
A Miami, ça n’avait pas tardé à devenir ceux du South-West (chef lieu Kendall Drive) et les autres, les Torturiens (ou boat-people soi-disant partis de l’île de la Tortue), à Little-Haiti.
Mais aujourd’hui le ‘blanc’ a repris possession de la Petite-Haïti devenue une plateforme internationale de l’artisanat et du design, enlevant tout repère aux uns comme aux autres.
Cependant l’élite traditionnelle a (encore) un autre handicap, sociologiquement parlant, qui est une distance adoptée par rapport à la culture populaire nationale considérée comme inférieure aux canons européens imposés historiquement d’en haut. A la fois physiquement et culturellement.
Double blocage pour le natif de la bourgeoisie locale, notablement la bourgeoisie claire, isolé d’abord au milieu de ses compatriotes dont il représente une petite minorité, puis par ses comportements socio-culturels en marge de la majorité ou la masse.
Jacmel capitale mondiale des arts traditionnels
JACMEL, 20 Juillet – Curieusement la République dominicaine est absente. Pourquoi n’avons-nous pas plus de relations culturelles avec le pays qui nous est pourtant le plus proche ? Géographiquement, c’est la même île. Mais aussi économiquement. Nos voisins réalisent un chiffre d’affaires annuel de près de US$2 milliards en exportations vers notre pays. Autant dire que nous mangeons pratiquement les mêmes choses. Or dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Nous y reviendrons.
Mais l’heure samedi soir sur le port touristique de Jacmel n’était pas aux idées noires.
C’était la fête des arts traditionnels avec des troupes nationales des Etats-Unis, de la Pologne, du Mexique et de Cuba.
Et pour Haïti les fabuleux Ballets Bacoulou.
Tous se surpassant. Comme on devine le succès des danseuses cubaines on dirait descendues tout droit du Tropicana de La Havane, ou des mariachis mexicains dans des airs comme La Cucaracha, a été plus immédiat. Cependant la troupe polonaise a su conquérir le cœur du public dans une interprétation inédite de ‘Wangol o Wale, Kilè wa vini wèm ankò Wale.’
Près du quotidien et du petit peuple …
Ce sont des arts populaires, précisons-le, des spectacles se voulant plus près du quotidien et du petit peuple de la campagne, ou ce qu’il en reste quand celle-ci et la ville ne font plus qu’une ; ce qu’on appelle le folklore traditionnel et qui n’est pas le ballet classique.
MEYER, 16 Août – 14 Août 2013, 222e anniversaire de la Cérémonie du Bois Caïman, que les Haïtiens honorent comme l'acte fondateur de leur indépendance, le 1er Janvier 1804, mettant fin à l'esclavage de l'homme noir sur la terre de Saint Domingue, colonie de la France, et créant la première république noire du monde.
Ils étaient cependant à peine quelques centaines au pied de la statue équestre du Libérateur, le général en chef de l'armée indigène, Jean-Jacques Dessalines, dominant puissamment le Champ de Mars, plus grande place publique du pays.
Oui, à peine quelques centaines car l'événement ne donne lieu à aucune manifestation officielle.
Justement cette année encore le message du chef de la religion Vodou ou 'ati', l'anthropologue Max Beauvoir, c'est la réclamation que le 14 Août soit déclaré jour férié et honoré comme tel.
Comme par ironie, le lendemain 15 août est jour de congé national, la fête catholique de Notre Dame.
'Vivre libre ou mourir' ...
Pourtant peu d'Haïtiens qui contesteraient le symbolisme du Bois Caïman. On apprend depuis sa plus tendre enfance que le 14 Août 1791, deux ans après la Révolution française, des esclaves se réunirent en cachette dans ce lieu perdu de la Plaine du Nord, sous la direction d'un prêtre Vodou dénommé Boukman, et jurèrent de mettre fin à l'esclavage aux cris de 'Vivre libre ou mourir' et que jamais plus un habitant de cette terre ne baissera la tête devant quiconque.
La révolte, comme celles qui s'ensuivront, fut réprimée. Mais treize années plus tard, le 1er Janvier 1804, le corps expéditionnaire napoléonien fut vaincu.
Et naissait la République d'Haïti.
Si le reste c'est à l'avenant, mais comme dans un scénario où chacun y met du sien, chaque génération, chaque catégorie, selon ses intérêts du moment, par contre un leitmotiv ne se dément jamais, c'est le fameux 'vivre libre ou mourir.'
PORT-AU-PRINCE, 24 Août – Y en a que pour l’Ile-à-Vache. Aéroport international, chaine d’hôtels, plages, terrains de golf et condominiums. Et bien entendu appel à investisseurs.
Le premier ministre y est retourné la semaine dernière pour le lancement ‘des travaux d’infrastructures … pour un projet de développement touristique de grande envergure’ (HPN).
Son commentaire : « c’est un grand jour pour le tourisme et pour tous les Haïtiens qui désirent voir leur pays atteindre un niveau international … ».
A quoi la ministre du Tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, renchérit : « l’Ile-à-Vache sera la première destination touristique du pays, la plus belle de la Caraïbe. »
Tant mieux. Seulement on a une impression de déjà vu. Sinon déjà entendu.
En effet, qu’est-il advenu de Jacmel pour lequel les mêmes épithètes, les mêmes superlatifs ne suffisaient pas il y a si peu ?
L’Ile-à-Vache monte, Jacmel fait du surplace, du ‘kilomètre zéro’ (pour répéter Dominique Batraville) s’il n’est pas bloqué.
Marketing au coup par coup ? …
Le Gouvernement dispose-t-il d’une sorte de boite-à-musique qu’il dépose partout où il va ?
Et à chaque étape, ‘mesdames et messieurs, maintenant nous allons écouter l’autre bord de la plaque’ comme disait un animateur du siècle dernier.
Entre-temps, l’aéroport international de Jacmel pour lequel les fonds étaient disponibles (juraient les mêmes autorités sur la tête de leurs mandants !) n’a pas encore reçu le premier coup de pioche.
Les grands projets d’infrastructures : le front de mer ou ‘Malecon’ (pour répéter le président Michel Marchely), le centre de convention international, le grand hôtel etc, tous des chantiers que la poussière commence à recouvrir.