PORT-AU-PRINCE, 13 Mars - Une grève des douaniers bloque totalement le pays.
Ou du moins cela devrait être le cas, dans un pays qui a une activité économique normale, or on a l'impression que l'actuelle grève n'existe que par la grande place qu'elle occupe dans les bulletins de nouvelles.
Et d'un.
Ensuite, c'est le calme qui existe dans des secteurs qui auraient dû être totalement renversés devant un pareil événement.
Deux semaines que rien ne sort ni n'entre dans toutes les douanes d'un pays, portuaires et aéroportuaires.
Or la grève qui est à sa deuxième semaine. poursuit son petit bonhomme de chemin.
Le gouvernement déclare avoir fait tout ce qui est en son pouvoir pour convaincre les grévistes d'arrêter leur mouvement.
Les milieux d'affaires se contentent d'enregistrer les pertes que cela leur coûte mais sans mettre la pression ni sur les dirigeants ni sur les grévistes, comme si c'est une fatalité.
Les douaniers ont donc toute latitude pour faire monter la pression, sans aucune hésitation.
Drôle de grève.
Surtout dans un pays qui a connu il y a quelques mois la menace, oui seulement la menace d'un arrêt de travail dans l'industrie de la sous-traitance ; l'on vit toute la capitale prendre feu, les unités spéciales de la police mobilisées, le pouvoir en place, du président de la république au directeur du parc industriel monter à l'assaut pour mettre en déroute les syndicats ouvriers.
Que s'est-il passé en à peine quelques mois ? Le même pouvoir vient de célébrer sa première année en fonction mais dans une atmosphère économique plus morose que nous n'avons jamais connue depuis peut-être plus d'un demi-siècle.
JACMEL, 17 Mars – Un discours aussi important d’un ambassadeur américain en Haïti mérite d’être décrypté, passé au peigne fin.
Tel celui qui a été prononcé le 13 mars écoulé, par Mme l’Ambassadeur Michèle Sison à l’Université Henri Christophe de Limonade, Nord d’Haïti.
D’abord c’est une nouvelle reconnaissance du pouvoir en place par les Etats-Unis et une confirmation des rapports de travail que Washington entend entretenir avec lui.
En même temps que ce discours ignore la remobilisation des ex-Forces armées d’Haïti par l’actuel chef de l’Etat Jovenel Moïse, en s’engageant plutôt à renforcer la Police nationale d’Haïti avec la création de nouvelles unités, cependant est ignorée également la nouvelle mission onusienne connue sous le nom de MINUJUSTH (mission des Nations Unies pour l’appui à la Justice en Haïti).
A un moment où le gouvernement se trouve en grande difficulté sur le plan économique (lui-même le reconnaît par la voix de plus d’un ministre proclamant pratiquement que les caisses sont vides) et que non seulement l’opposition appelle à son départ mais certains milieux d’affaires cachent mal aussi leur mécontentement, eh bien les mots du représentant attitré de l’administration américaine valent leur pesant d’or.
Nous citons : ‘Aujourd'hui, après une période d'impasse politique, Haïti a mis en place un gouvernement démocratiquement élu. A présent, les États-Unis et la communauté internationale ont donc un partenaire à long terme avec lequel nous pouvons collaborer, pour aider le pays à construire un avenir prometteur. Nous continuons sans faille à travailler pour soutenir les objectifs et la vision de son peuple.
‘Effectivement, nous travaillons ensemble pour le brillant avenir d'Haïti.’
Les mots de ‘partenaire à long terme’ ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.
JACMEL, 26 Mars – Rien apparemment de plus contradictoire que les informations qui nous parviennent de chez nos voisins Dominicains.
D’un côté, le directeur général des douanes dominicaines demande une nouvelle fois la levée de l’embargo sur un grand nombre de produits alimentaires et industriels dominicains interdits d’entrée sur le marché haïtien par la frontière terrestre … (dépêche de l’Agence haïtienne de presse – AHP, 19 mars 2018).
D’un autre côté, Alterpresse nous apprend que les autorités de la république voisine ont rapatrié en une semaine près de 3.000 migrants haïtiens, selon le journal dominicain El Caribe.
‘2.793 sans papiers haïtiens ont été arrêtés et renvoyés en Haïti, du 9 au 16 mars 2018, a informé le ministre dominicain de la défense, Ruben Dario Paulino Sem. Ces arrestations ont lieu dans le cadre d’une opération de sécurisation de la frontière, a-t-il rappelé.’
Alterpresse poursuit : les ressortissants haïtiens sont contraints de fuir la région de Pedernales, depuis le lundi 12 mars, par peur des représailles annoncées par des commandos de civils dominicains suite à l’assassinat d’un couple dominicain dans cette province et crime imputé à un ou des ressortissants haïtien.
Certains aussi de ces derniers auraient été tués ou blessés au cours des événements (aucune confirmation).
Entretemps les autorités locales de la province de Pedernales auraient sommé leurs homologues haïtiennes (de la localité d’Anse à Pitre) de leur remettre le présumé auteur de l’assassinat du couple de fermiers dominicains, qui se serait ensuite enfui dans son pays Haïti (bulletin AHP).
Dès lors c’est le gel au niveau des relations entre les autorités municipales de ces deux provinces de part et d’autre de la frontière : Pedernales et Anse à Pitre (Sud-est).
Mais qu’apprenons-nous par le site d’informations rezonodwes.com : ‘à cause de l’absence des Haïtiens, les ventes à Pedernales ont été réduites à moins de 20%’ et c’est la panique chez les commerçants dominicains ainsi que chez les autorités municipales.
Le marché binational, qui se tient les lundi et vendredi, est fermé depuis deux semaines pour éviter une confrontation directe entre les deux communautés dominicaine et haïtienne.
Lequel tient l’autre ? ...
Selon le maire de Pedernales, Luis Félix Matos (surnommé Minguito), si la semaine prochaine (c’est à dire cette semaine) la situation n’est pas rétablie : la zone de libre-échange et la plupart des entreprises pourraient être obligées de fermer, ce qui laisserait plusieurs centaines de personnes sans travail dans une localité où les sources d’emplois sont rares.
Aussi qui tient l’autre par le ventre ?
On pourrait croire que c’est à l’avantage des Dominicains, à voir le flot de petits commerçants ou tout simplement de besogneux Haïtiens allant et venant dans tous les sens comme des fourmis sur le pont de la rivière Massacre (Nord-est) transportant des caisses de bananes, des poulets, des matériaux de construction, les uns à bord de véhicules, surtout des motos, mais beaucoup à la main et à pied, on peut donc en déduire que les Haïtiens de toute évidence mourraient de faim s’il n’y avait les produits dominicains.
Or avant que la famine ne frappe les Haïtiens d’Anse à Pitre, ce sont les producteurs et les commerçants de Pedernales qui n’en peuvent plus.
Comme quoi, tel est pris qui croyait prendre !
Desaparecido’
PORT-AU-PRINCE, 27 Mars – Sans passer par 4 chemins, la police s’y prend très mal dans l’affaire du journaliste disparu.
C’est la première fois qu’on aura vu la police tirer sa conclusion avant même d’avoir accompli l’effort nécessaire voire tout ce qui est en son pouvoir.
En effet le porte-parole de la police croit pouvoir se prononcer comme n’importe qui, étalant son scepticisme sur les ondes, jouant les saint thomas, alors que sa tâche c’est tout au contraire de montrer que la police est prête à tenter jusqu’à l’impossible pour retrouver la personne disparue.
Celle-ci c’est un photographe-reporter, du nom de Vladjimir Legagneur, disparu depuis deux semaines après avoir signalé à son épouse qu’il se rendait à Grand Ravine, un quartier populaire au sud de la capitale, dans les hauteurs de la commune de Martissant.
Grand Ravine avait fait l’actualité il y a quelques mois et dans des circonstances douloureuses.
Y ayant débarqué un matin pour mener une opération de sécurité, une patrouille policière a été accueillie par des tirs nourris qui ont provoqué immédiatement la mort de 2 agents.
Ceux-ci ont répliqué, tuant eux aussi un nombre indéterminé de civils dont probablement des gens innocents.
En tout cas, les circonstances n’ont jamais été entièrement élucidées par les officiels.
Rappelons que la récente note de la Minujusth (mission onusienne de support à la justice) qui a tellement mécontenté le pouvoir en place, notait aussi que la justice ne s’est jamais prononcée sur les faits qui se sont déroulés à Grand Ravine le 13 novembre 2017.
D’où l’atmosphère plus tendue qui entoure la disparition du photographe reporter Vladjimir Legagneur en apprenant qu’il aurait disparu dans l’exercice de sa profession et à Grand Ravine.
Ses parents ayant contacté la police après n’avoir pas entendu parler de lui depuis le 14 mars, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre, mobilisant associations de presse et médias.
Refaire la production agricole nationale suppose des préalables
MEYER, 15 Avril – La semaine écoulée avait lieu dans la capitale haïtienne un Sommet sur la Finance et l’Agrobusiness avec le concours de spécialistes locaux et étrangers. Et qui a fait les grands titres de la presse haïtienne.
(Alterpresse) – Lors des discussions, un expert canadien en administration publique et finance municipale et rurale, Martin Lefèvre, a souligné l’importance des communes dans le développement du pays.
La faiblesse des communes expliquerait, selon lui, la faiblesse de la capitale Port-au-Prince, et du pays en général.
Pour sa part, le professeur canadien Goze Bertin Bénié a insisté sur la science dite géomatique, qui pourrait aider les élus locaux dans la gestion du cadastre fiscal, juridique, technique ainsi que dans la conservation et la diffusion des données.
(HPN) - Côté technico-scientifique, il fut aussi question de l’utilisation des drones ou vues aériennes.
Selon le professeur Henry Claude Poitevien, il faut faire appel à une agriculture ‘smart’ (intelligente) si l’on veut augmenter la rentabilité et la compétitivité du secteur.
On apprend ainsi qu’il existe un ‘Haïti Drone Services’, avec l’appui de l’Université Sherbrook du Québec, l’analyse des données recueillies par les drones est disponible en l’espace de quelques heures. L’agriculture de précision est d’importance pour s’assurer de la qualité des produits, pour faire des projections sur la qualité de la production, mais aussi pour anticiper sur des difficultés à venir, notamment météorologiques (sécheresse, saison des ouragans).
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