JACMEL, 7 Février – Jacmel est en fête. Tout Port-au-Prince se déverse sur la métropole du Sud-est. Comme des lucioles dans la nuit, vendredi soir la caravane suit l'enchevêtrement de la route dite de l'Amitié qui traverse l'un des pics les plus élevés du pays.
Tous les établissements hôteliers affichent complet. Les derniers arrivants passeront le week-end au fond de leur voiture. Il faudra prendre l'habitude des véhicules-caravane ou roulottes familiales.
C'est le carnaval de Jacmel. La seule ville du pays où carnaval ne rime pas uniquement avec le bruit assourdissant du défilé des chars musicaux (comme ce sera le week-end prochain à Port-au-Prince) mais avec la plus belle exposition de produits artisanaux qui soit en Haïti et même dans la Caraïbe.
PORT-AU-PRINCE, 28 Février – Les gouvernements passent, les problèmes restent. Et quand la misère devient trop aigue comme aujourd'hui, alors les jeunes, les plus profondément atteints parce que c'est leur avenir qui est hypothéqué, deviennent incontrôlables et ils cassent tout.
Mais ceci est d'abord le propre d'une société qui fonctionne (ou qui ne fonctionne pas parce que) sans gouvernail, sans but. Sans un projet.
Bientôt des élections pratiquement générales même si elles interviendront en deux ou en trois temps, aucun parti ni candidat qui pense à faire connaître véritablement au grand public son programme de gouvernement au cas où il remporterait la victoire.
La bataille électorale est vécue plutôt comme un match de boxe sans règlements véritables, c'est-à-dire où tous les coups sont permis.
Dans le même temps le pouvoir n'a qu'une préoccupation : ne jamais manquer de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour contrer les manifestants.
La seule réponse officielle c'est la répression. Or celle-ci n'a toujours débouché que dans une impasse : soit la dictature, soit la pagaille. Donc toujours à recommencer !
Pour la bonne raison que les décideurs haïtiens ont une mentalité paternaliste du pays, quasiment méprisante. Le peuple est un mineur, c'est l'imbécile qui attend. Trop bête pour comprendre. Et quand il proteste, c'est le bâton, un point c'est tout.
Alors que dans maints cas, la solution peut être trouvée dans un projet, avec un grand P, autrement dit qui puisse si ce n'est réunir, interpeller toute la nation. Du moins, la grande majorité. Le reste a alors beaucoup de difficulté à vouloir tout casser parce que, c'est presque tout le pays qui a trop à perdre.
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PORT-AU-PRINCE, 10 Mars – La grève des transports, le lundi 9 mars, n'a pas eu le succès escompté. La capitale a fonctionné. Même au ralenti. Cependant au regard des deux exercices précédents, les 9 et 10 février, qui avaient eu un tel retentissement, les organisateurs eux-mêmes ont compris, disons, la nécessité de rectifier le tir. Aussi ont-ils appelé à l'annulation de la deuxième journée et demandé à leurs confrères transporteurs de reprendre le travail le lendemain mardi 10 mars.
Evidemment ils l'ont consenti de mauvaise grâce, lançant des accusations à tort et à travers. Allant jusqu'à accuser les médias d'être de mèche avec le gouvernement, quand ces derniers se sont contentés, tout comme la première fois, de faire leur travail : rapporter tout simplement ce qui se passait dans les rues.
Non, ce qui a joué contre la grève de ce lundi c'est le poids du facteur économique.
La grève est une arme à double tranchant. Elle agit en conjonction étroite avec la réalité économique. Depuis les débuts de l'industrialisation, l'arme du patronat a toujours été d'attendre tranquillement que l'ouvrier en grève arrive à la fin du mois où il est talonné par des besoins urgents : le budget familial, le loyer, l'écolage etc.
Voilà justement le pourquoi des caisses d'assurances syndicales, c'est pour aider le travailleur à pouvoir continuer à faire face.
L'appel à la grève des transporteurs haïtiens semble n'avoir fait aucun cas du fatum économique.
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MIAMI, 14 Mars – La situation s’aplanit entre la République dominicaine et Haïti. Lors d’une seconde rencontre vendredi à Jimani (ville frontalière, voisine de Malpasse), après des premiers contacts à la faveur d’un mini-sommet des pays de l’Amérique au Guatemala, les chanceliers dominicain Andres Navarro et haïtien Duly Brutus ont mis en place un plan pour la réouverture immédiate des 5 consulats dominicains en Haïti avec la garantie pour leur sécurité et la protection du personnel diplomatique, cela grâce au concours de la mission onusienne de maintien de la paix, Minustah.
KENSCOF, 12 Avril – La Premier ministre de la Jamaïque, Portia Simpson Miller, demandant à Barak Obama, le premier noir élu président des Etats-Unis de réhabiliter Marcus Garvey, intellectuel et héros de la lutte pour l’égalité des noirs avec les blancs dans ce pays et un natif de la Jamaïque.
Marcus Garvey avait été condamné aux Etats-Unis pour ‘mail fraud’ (fraude postale), un délit peu usité, et à ce titre déporté dans son pays natal, la Jamaïque.
Le révolutionnaire d’avant-garde (et en quelque sorte d’avant la lettre) qu’on reconnaît en lui avait peut-être utilisé la boite aux lettres d’un autre pour essayer de semer la police fédérale.
Cependant à l’indépendance de la Jamaïque (ancienne colonie britannique), en 1962, Marcus Garvey a été déclaré héros national par la nouvelle nation.
Aussi pour la Premier ministre Portia Simpson Miller, demander sa réhabilitation à Obama (rencontrant à Kingston les pays de la Caricom le jeudi 10 avril écoulé), vu que Marcus Garvey est considéré également aux Etats-Unis aujourd’hui comme l’un des plus grands noms de la lutte pour les droits civiques qui sera couronnée en 1968 avec la signature du Civil Rights Act à la Maison Blanche par le président Lyndon Johnson en présence du Pasteur Martin Luther King, reconnaissant aux Afro-américains les mêmes droits qu’à leurs compatriotes de souche européenne, et en tant que premier membre de la communauté Afro-américaine élu numéro 1 de la nation étoilée, cela ne peut laisser l’actuel occupant de la Maison blanche indifférent.