PORT-AU-PRINCE, 19 Décembre – Les autorités dominicaines partent avec un avantage psychologique. Il n’y a rien qu’ils préfèrent que s’asseoir avec leurs homologues haïtiennes plutôt que défendre leur cause devant des instances internationales.
C’est historique. Depuis le dictateur Trujillo, assassiné en 1961 après trente ans de règne sans partage, les gouvernants haïtiens successifs leur ont toujours laissé prendre le dessus.
La corruption des milieux dirigeants haïtiens aidant !
Même après l’assassinat d’environ 20.000 paysans haïtiens à la frontière entre les deux pays en 1937.
Aujourd’hui encore, après le vote par la Cour constitutionnelle dominicaine (à dominante anti-haïtianiste) d’une sentence privant de la nationalité dominicaine tous les descendants d’étrangers établis dans le pays depuis 1929, principalement haïtiens, les autorités de Santo Domingo se voient pratiquement mises en demeure par la communauté internationale (OEA, ONU, Caricom etc) de renoncer à l’application de ce plan, qualifié de ‘discriminatoire’ et même ‘raciste’ …
‘J’embrasse mon rival …’
Rien de plus à propos que de se retourner à nouveau alors vers le voisin Haïtien soudain couvert de toutes les qualités.
Déclaration du président Danilo Medina, mardi (17 décembre), à Caracas (Venezuela), dont le président Nicolas Maduro a offert ses bons offices pour tenter de résoudre le problème : ‘J’ai toujours cru que la République dominicaine et Haïti sont unies jusqu’à ce que la mort nous sépare.’
Racine : ‘J’embrasse mon rival mais c’est pour mieux l’étouffer.’
JACMEL, 22 Février – La presse rapporte que le premier Cardinal de l’histoire d’Haïti, Mgr Chibly Langlois, qui a été consacré par le Pape François samedi au Vatican, a déclaré à son départ d’Haïti que la situation économique est alarmante et que le peuple a faim.
Cependant les officiels haïtiens maintiennent qu’il y a des progrès au plan économique en se référant aux derniers indicateurs par rapport à l’année précédente (2012-2013) : baisse de l’inflation et taux de croissance en hausse etc.
Interrogé lors d’une interview sur Radio France Internationale (RFI) à l’occasion de sa visite officielle à Paris, le jeudi 20 février écoulé, le chef de l’Etat haïtien a répondu qu’il n’entend pas entrer en discussion avec le Cardinal haïtien mais il a maintenu que l’économie haïtienne est dans une meilleure forme.
MIAMI, 21 Mars – Dans les années 1970 une notion a vu le jour : la majorité silencieuse.
Quand un pays se trouve prisonnier d’une situation ou d’un système qui ne lui laisse aucune porte de sortie, il existe une dernière alternative : que le peuple lui-même prenne la parole.
Cela vaut évidemment dans un pays où il existe encore la liberté d’expression.
D’ailleurs c’est aux Etats-Unis qu’est née cette notion, que l’on voit aujourd’hui encore réapparaitre avec plus ou moins de bonheur que ce soit dans le monde arabe (printemps arabe), et plus récemment en Ukraine (avant la sécession de la Crimée) et actuellement au Venezuela du président Nicolas Maduro.
Mais vous me direz qu’en Haïti nous avons déjà tout épuisé, y compris la formule majorité silencieuse.
En effet, nous les voyons tous à l’œuvre depuis longtemps : organisations populaires, opposition sous toutes ses formes, ti-legliz, société civile, droits humains, féminisme, etc, y compris la presse dite indépendante.
Cependant aucun qui puisse faire actuellement la différence. Comme si tout avait été épuisé. Prostitué.
Comme une avalanche que rien ne semble pouvoir arrêter, ni même ralentir sur sa course.
Le remède pire que le mal …
Voilà à quoi ressemblerait la conjoncture actuellement en Haïti.
Il y a un demi siècle (la dernière fois en 1957), rien de cela ne se pourrait. L’armée aurait bien sûr résolu le problème en moins de deux.
Il est donc évident que nous ne méritons pas le système dans lequel nous vivons aujourd’hui. Et que le remède se révèle pire que le mal. Et voilà pourquoi ‘on’ ne nous permettra pas d’avoir une nouvelle armée, parce que nous faisons encore mieux le ‘ratiboisage’ qu’elle le ferait. Pas d’armée pour Haïti. Ni une nouvelle dictature, parce que il n’y a plus terrible dictateur que l’Haïtien envers lui-même.
Ni une occupation étrangère formelle, parce que on est plus utile comme on est et à qui de droit, pour défendre l’indépendance de l’Ukraine face à la Russie de Poutine.
Plus ça change …
Alors est-ce parce que la situation est tellement sans issue, même en s’imaginant la pire de toutes, qui fait que la politique haïtienne soit devenue cette machine folle que rien ne peut arrêter.
Lire la suite : POLITIQUE : Haïti piégée de toutes parts et d’abord par elle-même
MIAMI, 26 Mars – Le film qui fait courir cette semaine aux Etats-Unis s’appelle ‘Twelve years a slave’ (Douze ans en esclavage).
Cela au même moment où l’ONU commémore la journée des victimes de la Traite et que le Secrétaire général Ban Ki-Moon rend hommage à Haïti, le pays qui a le premier vaincu le régime esclavagiste, en 1803.
‘Twelve years a slave’ (esclave pendant 12 ans) est la relation d’une page jusqu’à présent peu abordée dans l’histoire de l’esclavage des Noirs aux Etats-Unis.
Il s’agit de noirs libres qui étaient ‘kidnappés’, eh oui, dans des villes du Nord des Etats-Unis où ils exerçaient des professions respectables, instruits, mariés et élevant leur famille dignement, mais qui un jour se font attirer dans un piège. Transportés alors dans les grandes plantations du Sud où se pratiquait encore l’esclavage, ils sont mis dans les fers, battus et torturés éventuellement jusqu’à mort, livrés à la volonté du maitre blanc et de ses commandeurs sadiques, et surtout ‘bourriquant’ (travaillant) sans salaire à couper la canne ou à cultiver le coton ou le tabac.
Tiré d’une histoire authentique …
Le générique du film dit que c’est une histoire authentique et tirée d’un ouvrage écrit par la personne même qui l’a vécue. Le livre ‘Twelve years a slave’ a été publié en 1853, sous forme de mémoires, par Solomon Northup, un Africain Américain né libre et qui raconte avoir été kidnappé en 1841, à Washington, DC, et vendu comme esclave, puis transporté dans les plantations en Louisiane où il fut employé comme tel.
Premier avertissement : le film est dur. Des séances de bastonnade ou de torture par pendaison lente, peuvent être difficilement soutenables.
Cela au long d’une histoire bien racontée et pleine de rebondissements. Le héros est un excellent violoniste de race noire vivant avec sa respectable petite famille à Saratoga (dans l’Etat de New York), et que des artistes, des funambules (ou des messieurs blancs se faisant passer comme tels) arrivent à convaincre à les accompagner dans la capitale, Washington DC, pour y donner un concert. Notre bonhomme se fit ou enivrer ou droguer, inconsciemment.
PORT-AU-PRINCE, 6 Avril – L’actuelle administration haïtienne mène un combat pour remplacer le mot aide par celui de coopération. Dès son arrivée au timon des affaires (comme on disait autrefois), elle a montré les couleurs. Haïti ne veut plus d’assistance mais des prêts. Nous ne sommes pas des éternels mendiants. Nous pouvons produire. En tout cas nous pouvons faire des affaires. Et ce dernier aspect semble bouger là où la production n’est pas encore une évidence.
Lorsque le chef du gouvernement haïtien Laurent Lamothe a reçu récemment le premier ministre du Vietnam, on n’a pas parlé de stock de riz suranné qui pourrait être offert en don à Haïti mais de coopération. Haïti a des offres pour le Vietnam. A commencer par son marché. Le riz vietnamien coule à flot dans nos assiettes depuis déjà deux années. Une firme vietnamienne, la Viettel (Natcom), est l’un des deux géants du téléphone cellulaire dans notre pays.
De son côté le nouveau petit dragon (capitalo-communiste) asiatique peut nous apporter non seulement des investissements créateurs d’emplois mais aussi nous faire bénéficier de ses avancées technologiques aussi bien en industrie qu’en agriculture.
Fifty-fifty …
Voilà un bon exemple de coopération, c’est à dire fonctionnant dans les deux sens. Fifty-fifty, pas encore mais il faut toujours commencer quelque part.
L’autre exemple patent devrait être le Venezuela. La possibilité nous est offerte de payer en espèces (produits naturels ou semi-industrialisés : café torréfié, yogourt, cacao etc) une partie de la facture pétrolière. La patrie du défunt président Hugo Chavez, l’un des plus grands producteurs d’or noir, nous traite comme un chouchou pour une sorte de dette morale remontant à plus de 200 ans. Seuls les pareils de qui vous savez, qui peuvent considérer la reconnaissance comme une lâcheté ! Mais serait-ce que nos dirigeants soient plus boutiquiers que producteurs (comme d’ailleurs depuis toujours), ici cela n’a pas dépassé le stade des résolutions et belles promesses. Pas le moindre petit morceau de vermisseau qui ait encore pris le chemin de Caracas. En tout cas, pas officiellement car un tel domaine encourage les dessous de table. Or le temps presse car si nous voulons tenir parole et vu que la coopération c’est du donnant-donnant, nous risquons de perdre, comme dit le créole haïtien, ‘et sac et crabes’ si nous nous contentons de recevoir les avantages sans rien apporter en échange. D’autant plus que le Venezuela est en pleine crise politique.
Brésil = éthanol ! …
Aujourd’hui le Brésil est en train d’absorber un nombre important de bras haïtiens dans la construction des villages pour le Mondial de football (l’été prochain) et les Jeux olympiques de 2015.