PORT-AU-PRINCE, 16 Novembre – Un Américain d’origine haïtienne est arrêté à l’Aéroport international de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, le mardi 12 novembre 2019, porteur d’un véritable arsenal dans ses bagages.
Selon un communiqué du Ministère de l’Economie et des Finances (Administration Générale des Douanes), ‘un voyageur répondant au nom de Jacques Yves Sébastien Duroseau, détenteur d’un passeport américain, d’une carte de militaire des Etats-Unis valide, a été appréhendé et remis aux autorités policières et judiciaires.’
Le Service de Contrôle des Voyageurs à l’Aéroport International Toussaint Louverture a découvert dans les bagages de Jacques Yves Sébastien Duroseau, outre ses effets personnels, ‘des uniformes militaires, un casque militaire, une paire de menottes, 2 gilets pare balles, une radio de communication et des étuis pour armes à feu’ …
Mais de plus et surtout : ‘trois boites en plastique contenant des armes à feu, munitions et chargeurs.’
Et quelles armes ! 5 pistolets Beretta, Sig Sauer et Rock Island de différents calibres ; ainsi que 3 fusils d’assaut : Marque Fortis, Saint et Ruger.
Et une forte quantité de munitions de tout calibre.
La note de presse du Ministère de l’Economie précise que ‘le voyageur n’avait en sa possession aucune autorisation de la Police Nationale d’Haïti’ comme l’exige la loi, outre que ‘les Armes de guerre retrouvées dans ses bagages sont prohibées par le Code Douanier’ … Etc.
Il s’agit donc de contrebande. Contrebande d’armes. Et d’armes de guerre.
Et commise par un citoyen américain. Pardon, un militaire américain donc qui sait parfaitement ce qu’il fait et à quoi il s’expose.
Que se passe-t-il donc ?
Or ce n’est pas le premier cas du genre.
Et commis sous un pouvoir qui a la protection ouverte du gouvernement des Etats-Unis, outre que ce dernier demeure son unique soutien parce que ce sont quasiment tous les secteurs de la vie nationale en Haïti qui réclament la démission du chef de l’Etat en question, M. Jovenel Moïse.
‘Les Sept Mercenaires’ …
En effet, le 17 février 2019, un groupe de 7 étrangers était appréhendé au centre ville de la capitale haïtienne porteurs eux aussi d’un important arsenal et dans deux véhicules banalisés.
5 d’entre eux étaient de nationalité américaine, et des militaires à la retraite, les deux autres des natifs de Russie et de la Serbie.
La presse haïtienne les a surnommés à juste titre ‘Les Sept Mercenaires’.
Après avoir été gardés dans les cellules de la Police nationale d’Haïti, après deux jours les ‘mercenaires’ étaient ‘exfiltrés’ pour les Etats-Unis.
Où selon le Miami Herald, ils sont rentrés chez eux sans être inquiétés.
MIAMI, 23 Novembre – L’Etat haïtien ne sait pas administrer. Faut-il encore le prouver ?
Alors que compte-t-il faire des entreprises de production d’électricité dont il est en train de prendre possession ?
En effet, selon les agences haïtiennes d’information (photos à l’appui), le président Jovenel Moïse a envoyé la justice procéder à la saisie des équipements de l’entreprise Sogener sur les sites de Varreux 1 et 2, dans la commune de Cité Soleil, pour le compte de la compagnie d’Etat, Electricité d’Haïti.
On sait l’actuelle administration Jovenel Moïse engagée dans un bras de fer avec les entreprises privées de production d’énergie électrique Sogener, E-Power et Haytrac autour du renouvellement de leur contrat avec l’Etat haïtien.
Or le pouvoir ne semblant avoir d’autre objectif que de mettre fin au contrat en question, le moment est venu de demander que compte faire l’Etat haïtien ?
On sait que le plus mauvais administrateur en Haïti n’est autre que l’Etat haïtien lui-même.
Et nul autre domaine ne le prouve davantage que celui de l’électricité.
Le mot black-out n’existe plus aujourd’hui qu’en Haïti.
D’autre part, faut-il rappeler que ce ne sont pas les compagnies privées qui sont allées vers l’Etat mais que c’est l’Etat qui est venu à elles.
C’est l’échec de l’Etat qui a donné lieu à leur naissance.
Et cela remonte à pas si longtemps. Car jusqu’à la fin de la dictature Duvalier (7 février 1986) il y avait le barrage hydro-électrique de Péligre suppléé par quelques relais installés au fur et à mesure que ce dernier devenait insuffisant, mais toujours sous la seule administration de la compagnie nationale, l’Electricité d’Haïti (ED’H).
Cependant le règne du black-out avait commencé …
A tel point que dès sa prestation de serment, le 7 février 1991, le président Jean-Bertrand Aristide se mit en devoir de commencer à chercher une solution.
Aristide est renversé par un coup d’état militaire quelques mois plus tard (septembre 1991), le pays tomba sous un embargo international qui n’arrangea bien entendu pas les choses.
Trois années plus tard, rétablissement de la démocratie, mais le prochain président élu, René Préval (7 février 1996) prêtera serment à la lumière des bougies.
PORT-AU-PRINCE, 11 Septembre - Le tourisme pour les dirigeants et les milieux économiques haïtiens ce sont le foncier et le capital. Plus rarement parlera-t-on des résidents des lieux destinés à abriter les projets touristiques et que la publicité présente (image d’Epinal que l’on croit indispensable) comme une île déserte.
Le problème a été une fois posé en notre présence. Les promoteurs haïtiens (ainsi que nos officiels) avaient beaucoup de difficulté à y répondre. Qu’allez-vous faire des gens qui vivent sur place ?
Pendant que tous l’on se grattait la tête, l’un de nos interlocuteurs, un grand promoteur international, a poursuivi sans sourciller : voici comment nous faisons habituellement. Soit offrir à la communauté locale une participation financière (ce qui est plus rare) ; soit c’est eux qui ont la priorité dans le choix de nos futurs employés ; soit on achète leur production : produits alimentaires, artisanat ou autre.
Soit enfin nous destinons un pourcentage régulier de notre chiffre d’affaires à des projets au sein et au bénéfice de la communauté.
Les projets en question ne se sont jamais concrétisés. Et pour cause. Pas seulement pour ces raisons mais à cause d’une autre exigence des promoteurs internationaux : on ne traite jamais avec des particuliers ou des familles mais avec des sociétés. Ce qui constitue chez nous un autre handicap majeur.
PORT-AU-PRINCE, 6 Octobre – Le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe a eu à propos du cholera un simple mot mais qui peut changer beaucoup, celui de moralité. ‘L’ONU a une responsabilité morale en Haïti’ a-t-il déclaré dans son allocution devant la 68e Assemblée générale des Nations Unies, le jeudi 26 septembre écoulé.
Il n’y a pas assez de participation de la société civile, nationale et internationale, dans ce dossier qui est resté surtout la chasse gardée du Secrétariat général de l’ONU et des gouvernants haïtiens. Très peu de réactions enregistrées au niveau des grandes chancelleries. Y compris du Conseil de sécurité. Donc la question demeure prisonnière de la paperasserie onusienne. Qui au fond n’a aucun pouvoir. On (et nous entendons d’abord les Haïtiens) n’a pas su mobiliser autour de l’une des plus grandes ‘catastrophes humanitaires’ du monde moderne. Justement c’est l’ONU qui utilise ce langage et elle s’est jusqu’ici gardée de le faire. Pourquoi ? Un mal qui a emporté plus de 8.000 compatriotes et infecté quelque 700.000 en deux ans depuis son apparition, même la tragédie des enfants soldats qui n’en ait fait pire.
Merci Professeur ! …
Le plus étonné de ce silence complice a été le professeur français Renaud Piarroux, c’est lui qui après une investigation menée sur l’un des affluents du fleuve Artibonite (non loin de Hinche, Centre) a le premier identifié le bacille comme le même qui faisait rage au même moment au Népal, pays d’où nous était venu un bataillon de casques bleus onusiens installé dans les parages.
Simple question d’infrastructures d’hygiène mais l’apparition pour la première fois en Haïti d’un mal jusqu’ici inconnu.
Pour le professeur Piarroux, il n’y a qu’en Haïti que cela peut ainsi se passer. Merci Professeur !
D’autres missions scientifiques ont abouti aux mêmes conclusions. Dernière en date, celle de l’université américaine Yale.
PORT-AU-PRINCE, 11 Octobre – Nos voisins dominicains ont un avantage certain : nos divisions, nos querelles fratricides et souvent sans objet mais par pur égocentrisme. Nombrilisme. Infantilisme même.
Car la plus grande faiblesse de la communauté dominicaine d’ascendance haïtienne ce n’est pas en elle mais c’est la décadence en tout point au pays d’origine.
Un arrêt de la Cour constitutionnelle de Santo Domingo, aujourd’hui dominée par l’extrême droite anti-haïtianiste (Haïti ayant occupé pendant 22 ans la partie orientale de l’île, c’est contre les Haïtiens que sera déclarée l’indépendance de la République dominicaine en 1844), nous ramène aux pratiques haineuses du temps du dictateur criminel Rafael Trujillo (assassiné enfin en 1961) pour enlever la nationalité aux Dominicains d’ascendance haïtienne remontant jusqu’à 1929. Autrement dit, quatre générations.
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