PORT-AU-PRINCE, 24 Août – Une brève note de presse annonce que désormais seulement deux examens auront valeur officielle pour consacrer l’éducation du jeune haïtien : la 9e année fondamentale et la philo ou bac 2e partie.
Les autres examens se passeront à l’école même. Mais évidemment ne bénéficieront pas de la sanction officielle. Donc ne seront pas couverts par cette dernière, par exemple, au niveau international.
Comme beaucoup de décisions aussi importantes prises aujourd’hui dans ce pays, il n’y a aucune explication. Aucune consultation, ni débat.
Curieusement aucune véritable remise en question non plus. Tout est fatalité ! Alea jacta est.
Ce qu’on appelle dans le nouveau jargon scolaire la 9e année fondamentale est l’équivalent approximativement de la 4e secondaire d’autrefois, tandis que la 6e année correspondrait à notre feu certificat d’études primaires.
Autrefois (pour employer le langage des vieux que nous sommes !), la vie de l’élève était réglée en quatre périodes bien distinctes : le certificat d’études primaires (que les meilleurs d’entre nous passaient aux alentours de 11 ans, maximum 12) ; puis le brevet élémentaire, surtout réservé aux filles qui se destinaient à des métiers bien précis comme infirmière … ou le couvent ; ensuite la rhéto ou baccalauréat 1ère partie et enfin la philo (bac 2) qui ouvre sur les grandes facultés : particulièrement la médecine, le génie ou architecture et le droit.
A l’image de la nouvelle population scolaire …
La nouvelle méthode est à peu près une reproduction de la première, mais dans un vocabulaire plus bureaucratique (pour ne pas dire rébarbatif) comme à peu près tout aujourd’hui : la 6e année fondamentale correspond à première vue au certificat d’études primaires sauf qu’elle est à l’image de la nouvelle population scolaire, c’est-à-dire que bon nombre ont dépassé depuis longtemps l’âge de 11 ans ; la 9e année fondamentale ressemble à notre brevet élémentaire mais n’est plus l’apanage des filles, tandis que la rhéto et la philo demeuraient inchangées …
MIAMI, 13 Septembre – Lavalas c’est l’anniversaire le 11 septembre dernier de l’un des actes les plus ignominieux de l’ère des coups d’état militaires post-Duvalier (qui s’étend pratiquement de 1986 jusqu’au rétablissement de Jean-Bertrand Aristide au pouvoir par les Marines américains en 1994) : le massacre de Saint Jean Bosco où, le dimanche 11 septembre 1988, les ‘sans manmans’ aux ordres du maire de Port-au-Prince, l’ex-colonel ‘tonton macoute’ Frank Romain, envahirent la chapelle de Saint Jean Bosco, quartier populaire de Port-au-Prince, en pleine messe dite par un certain Père Jean-Bertrand Aristide, et massacrèrent surtout à l’arme blanche de nombreux fidèles et partisans de ce dernier.
Le massacre de Saint Jean Bosco représente un summum de la barbarie militaro-macoute.
Frank Romain n’hésita pas à le revendiquer, déclarant quelques heures plus tard au micro : ‘Qui sème le vent, récolte la tempête !’
Le pays était dirigé lors par l’armée en la personne du général Henry Namphy, assisté de ses compagnons d’armes Williams Regala, Prosper Avril, Jean Claude Paul et le colonel à la retraite Frank Romain.
Peu de temps après, Namphy fut renversé et remplacé par Avril dans un jeu de chaise musicale qui, après un bref interlude en la personne de la présidente provisoire Me Ertha Pascal Trouillot, facilitant la tenue des présidentielles de décembre 1990, devait reprendre 7 mois plus tard, le 30 septembre 1991, avec le renversement du président élu Aristide par l’armée du général Raoul Cédras et du colonel Michel François, surnommé également Sweet Micky, comme notre actuel chef de l’Etat.
Jusqu’au débarquement des Marines dépêchés par le président américain Bill Clinton, pour ‘rechouquer’ Aristide sur le trône, en septembre 1994.
L’ambiguïté …
Ironiquement le même Aristide qui déplaçait les foules en criant : ‘Kapitalis se peche mòtel’ (le système capitaliste est aussi à redouter que le péché mortel).
Lire la suite : Lavalas : à la fois le diabolisé et le diable !
JACMEL, 4 Octobre – Jean Claude Duvalier, 63 ans, est mort. Arrêt cardiaque. Le Duvaliérisme aussi, parce que c'est un régime qui se fonde autour d'un nom et d'une personne. Le sommet du pouvoir personnel. Et qui a régné, proprement dit, pendant près de trois décennies (1957-1986) sur Haïti, le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental. Et à moins d'une heure et demi par avion de Miami, la riche métropole floridienne (Etats-Unis).
Mythe. Pouvoir personnel. Et la magie d'un nom. Le créateur de la dynastie, François 'Papa Doc' Duvalier, avait visé juste. Tout autre successeur éventuel à l'époque (l'alter-ego intellectuel Clovis Désinor, le ministre de l'intérieur Luckner Cambronne, son beau-fils le colonel Max Dominique etc) n'aurait tenu aussi longtemps. Tandis que Jean Claude Duvalier a pu régner ... sans gouverner. Entendez par là que le pouvoir en tant que tel ne l'a jamais réellement intéressé. En tant que jouissance, oui, mais pas l'exercice du pouvoir.
D'abord il refusa tout net lorsque Papa Doc, sentant venir la fin (lui aussi est mort d'un arrêt cardiaque, les deux après avoir longuement souffert de diabète et presque au même âge, 64 ans), lui dit : Toto, c'est toi le prochain président !
Bernard Diederich a recueilli ses confidences dans son ouvrage 'L'Héritier'. Jean Claude Duvalier raconte qu'il s'enferma pendant plusieurs semaines, refusant d'en entendre parler. La petite histoire rapporte qu'il essaya même de laisser le pays.
Il avait vu sans doute ce que l'exercice du pouvoir avait fait de son père qu'il adorait, le 'Papy', devenu même à ses yeux à lui, un monstre, une bête à visage humain ...
PORT-AU-PRINCE, 11 Octobre – Les funérailles de Jean Claude Duvalier, mort le samedi 4 octobre 2014, ont été chantées une semaine plus tard, le samedi 11 octobre, à la chapelle de l’Institution Saint Louis de Gonzague, à Delmas.
Des funérailles simples mais devant une grande affluence, en majorité de partisans et d’anciens membres de son gouvernement.
Mais l’ex-président à vie a-t-il réellement été inhumé là où le cortège s’est ensuite dirigé, au Parc du Souvenir, à Frères, en banlieue de la capitale ?
On peut en douter.
Pourquoi n’existe-t-il pas un grand tombeau de la famille Duvalier à Port-au-Prince ?
C’est une longue histoire. Et qui remonte bien plus loin que le 7 février 1986. Toujours est-il que ce jour-là, qui vit le renversement de Duvalier 2 et la fin de près de trente ans de tyrannie sadique, le peuple s’est précipité dans les rues pour célébrer la liberté retrouvée.
Des sbires du régime ou Tontons macoutes, surpris, furent assassinés. Apparition de l’affreux supplice du collier ou un pneu passé autour du cou de la victime, avant d’y mettre le feu.
Où est enterré François Duvalier ? …
Cependant un groupe se dirigea d’un pas décidé au cimetière principal. Objectif : profaner le corps du plus méchant dictateur de l’Histoire d’Haïti. Mais lorsqu’on ouvrit le tombeau, il était vide. Les restes de Papa Doc, mort 15 ans auparavant (en 1971), n’y étaient pas. Déception. Où est enterré François Duvalier ? Personne ne sait à ce jour. En dehors de la famille.
Festival de jazz de Port-au-Prince (17 – 24 Ianvier 2015)
PORT-AU-PRINCE, 22 Janvier – Comment ne pas adresser un coup de chapeau au Festival de jazz de Port-au-Prince déjà à sa neuvième édition sans cesser de se renforcer d'année en année.
Si côté scène la qualité est encore au rendez-vous, côté public on constate un formidable élargissement de ce dernier vers le monde étudiant et chez les jeunes de la capitale en général.
Est-ce dans ce but que le festival a multiplié également ses séances de prestation populaire comme à Fokal (Ave Christophe, centre-ville de la capitale), la Place Boyer, à Pétionville, où l'admission est également gratuite.
Au point que plus d'une fois il arrive que le spectacle soit dans le public. Comme lors d'un moment de blackout (panne de courant) et que des dizaines de jeunes se mettent à chanter 'Banm ti black-out souple', à la grande joie des interprètes, la 'blueswoman' Bella Cat se mettant aussitôt au diapason.