Après enquête, un juge d’instruction a renvoyé Nguyen Quyhn au tribunal correctionnel. Un des sénateurs impliqués dans la distribution du riz prend aujourd’hui ses distances avec le dossier.
Importation de 300 tonnes de semences de riz Jasmine sans autorisation du ministère de l’Agriculture. Contrebande. Distribution de plantules ayant attiré des rats et causées des dégâts énormes aux paysans de la Valée de l’Artibonite. Violation de l’esprit de la Convention internationale des pays producteurs de riz.
Ces motifs de l’ordonnance qui renvoie le directeur de la Natcom, devant le tribunal correctionnel le 5 février dernier actent le premier échec de la compagnie de téléphonie vietnamienne dans le dossier qui l’oppose à un groupe de paysans planteurs de la Vallée de l’Artibonite.
L’affaire remonte au mois de juin 2018. Un groupe de plus de 200 planteurs introduisait une action en justice contre Nguyen Quyhn après qu’une invasion de rats avait détruit leurs récoltes de riz. Ces plantations résultent de la distribution de semences par le responsable de la Natcom. Quyhn n’a pas comparu devant le juge d’instruction qui menait l’enquête. S’il est reconnu coupable après jugement, il risque plusieurs années en prison.
De grosses pointures impliquées
« Une fois arrivé à maturité, [le riz Jasmine 85 distribué par Natcom] dégage une odeur qui attire les rats causant de sérieux dégâts dans nos plantations », dénoncent les riziculteurs Marie Bertha Alexis vivant à Marchand Dessalines, Raoul Joseph de Verette et Duckenson Merisier de Petite Rivière de l’Artibonite.
Dans ce dossier, le porte-parole de l’Association des paysans victimes de la Vallée de l’Artibonite, François Louiseul, indexe les sénateurs Youri Latortue, Dieudonné Numa Etienne et Jacques Sauveur Jean, entre autres, qui, après avoir été invités à admirer les rizières du Vietnam où l’on cultivait le riz Jasmine 85, ont cautionné son introduction dans le pays par la compagnie de téléphonie mobile.
Le sénateur Youri Latortue confie avoir été réellement contacté par la NATCOM qui avait besoin de prendre connaissance des canaux à utiliser pour distribuer des semences aux paysans de la vallée de l’Artibonite. « Je les ai référés à l’Organisation pour le développement de la Valée de l’Artibonite (ODVA) et les blocs de productions mis en place peu après la Caravane du changement dans la vallée ».
Le sénateur qui dit n’avoir jamais pris part à la distribution des semences admet être allé au Vietnam, pendant sa présidence du Sénat en 2017. Il explique n’avoir jamais visité des rizières puisqu’il avait quitté le Vietnam, laissant derrière lui d’autres membres de la délégation comme « Jacques Sauveur Jean qui voulait visiter autre chose ».
Jacques Sauveur Jean confirme son implication dans le dossier, mais présente une version différente du sénateur Youri Latortue. Selon le chanteur, tous les six membres de la délégation, y compris Youri Latortue avaient participé à une réunion sur le dossier avec la Natcom.
Par ailleurs, Jacques Sauveur Jean dit avoir réalisé un essai avec la semence de riz Jasmine 85 dans sa propre ferme expérimentale située dans le nord-est du pays. Il explique avoir procédé à la dératisation de sa ferme bien avant de planter la nouvelle semence.
Aujourd’hui, Jacques Sauveur Jean se réjouit d’avoir « réussi à 200 % », contrairement aux centaines de paysans qui ont tout perdu. Pour introduire la semence dans le pays, l’ancien sénateur Jacques Sauveur Jean indique avoir fait des démarches auprès du Ministère de l’Agriculture du Vietnam qui lui a acheminé la semence à travers la NATCOM.
Une histoire de contrebande
Pour introduire les plantules décriées dans le pays, la Natcom n’a pas obtenu l’autorisation du Ministère de l’Agriculture selon un rapport du directeur de l’institution, Branly Eugène, transféré au cabinet d’instruction du juge Exumé Fleurimond. Les semences n’ont pas été dédouanées ni transportées en quarantaine pour observation, comme le veut la procédure.
« L’introduction de ces semences en Haïti par une compagnie travaillant pour le compte de l’armée d’un autre pays producteur de riz est synonyme d’un plan visant à détruire la culture du riz en Haïti », selon André Louis qui dirige le Réseau des Organisations pour l’Intégration des Planteurs du Bas-Artibonite (ROIPBA).
Les multiples tentatives d’Ayibopost pour recueillir la version de la Natcom auprès de son avocat, Me Gervais Charles, n’ont pas abouti. Cet article sera mis à jour si la compagnie réagit. Toutefois, insatisfaite de l’ordonnance du juge instructeur, la NATCOM a déjà fait appel, selon Exantus Esdrasse, un des représentants des paysans.
Youri Latortue, un personnage central
Les élus évoqués dans ce dossier ne sont pas mis en cause légalement. Mais leur implication dans ce scandale peut constituer une gêne politique considérable.
L’ancien sénateur Youri Latortue par exemple demeure un personnage important. La NATCOM lui a personnellement confié une quarantaine de sacs de semences qu’il a distribué aux planteurs de la vallée par l’entremise de Dieula Bien-aimé, responsable du Réseau des associations coopératives pour le commerce et la production agricole du bas Artibonite (Racpaba). Cette information est rapportée par François Louiseul.
Dieula Bien-aimé n’a pas démenti ces accusations, mais confie que « le dossier est si sensible » qu’il préfère garder le silence en attendant la décision de la justice. Cependant, il admet être impliqué dans la distribution de la semence sans pourtant dévoiler le nom du contact qui lui a remis les plantules.
Contacté par Ayibopost, le juge instructeur Exhumé Fleurimond authentifie la signature apposée au bas de l’ordonnance de renvoi. Selon ce document, il y a « charges, indices, suffisant, concordant, pertinent, convaincant donnant lieu de poursuivre contre le vice-directeur de la Natcom Nguyen Quyhn. »
À ce stade, l’affaire sera jugée par le tribunal correctionnel. Les avocats de Quyhn qui, selon le juge instructeur, « reconnait avoir causé des préjudices aux cultivateurs et est prêt à les réparer (indemniser) », peuvent encore contester la décision.
Droits humains : Le défenseur de la communauté Lgbt, Charlot Jeudy, retrouvé mort.
P-au-P, 25 nov. 2019 [AlterPresse] --- Le célèbre militant de la communauté Lgbt (Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) en Haïti, Charlot Jeudy, président exécutif de l’organisation de droits humains Kouraj, a été retrouvé mort dans son lit, ce lundi 25 novembre 2019, à Puits Blain (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), selon des informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse auprès de l’un de ses proches.
Le cadavre saignait par la bouche et au nez et des matières fécales ont été retrouvées dans son lit. Ce qui semblerait être un cas d’empoisonnement, selon la source d’information.
La famille de Charlot Jeudy dit attendre de pouvoir faire la lumière sur les circonstances de cette disparition.
Le fondateur de l’association Kouraj s’était lancé dans une lutte contre la discrimination, la stigmatisation, l’exclusion et la violence à l’égard des homosexuelles et homosexuels haïtiens.
« Si je fais de la politique, c’est en tant qu’homosexuel. Pour beaucoup d’entre nous, la création de Kouraj est une révolution, le début d’un combat. Mais, pour moi, c’est l’accomplissement de ce combat », avait-il exprimé à travers l’interface du site web de l’association Kouraj.
« Nous voulons proposer un discours alternatif sur l’homosexualité en Haïti. Car, depuis trop longtemps, seuls les homophobes discutent de cette réalité et proposent leur interprétation », soulignait Charlot Jeudy.
Fondée le 18 décembre 2011, l’association Kouraj est un regroupement d’activistes homosexuels créé afin de mettre fin à la non prise en compte, dans les politiques publiques, du troisième sexe ainsi que des transgenres en Haïti.
Haïti : le combat pour la guérison dans un pays en souffrance
Radio-Canada est allé à la rencontre d'Haïtiens en attente de traitements médicaux.
Philippe Leblanc
Publié le 7 novembre 2019
Des milliers d'Haïtiens ont fait la queue sous un soleil de plomb pendant des heures, mercredi, dans l'espoir de voir un médecin américain. Le navire-hôpital USNC Comfort, accosté à la base navale Carrefour en banlieue sud de Port-au-Prince, offre des services médicaux gratuitement jusqu'au 13 novembre. Les conditions de vie se sont lourdement détériorées en Haïti dans les dernières semaines en raison des violentes manifestations.
Il faut dire qu’iI y avait des tentes mais pas en quanité suffisante pour protéger les patients en attente du soleil
Voici quelques Haïtiens rencontrés à Carrefour.
La santé avant la politique
Célienne Leméton est arrivée en file à 2 h du matin, six heures avant que les médecins américains n'ouvrent les portes de la clinique temporaire. Elle est venue avec sa fille de 14 ans, Perpétue, qui a une immense excroissance à la joue droite. Elle a été opérée pour une tumeur en février, mais sa joue a recommencé à enfler depuis. Célienne Leméton n'a pas les 400 $ CA nécessaires pour aller passer les tests d'imagerie médicale dans un laboratoire privé. Elle espère donc que les médecins américains pourront l'aider.
Je n'ai pas d'opinion sur le "péyi lock" [pays bloqué] ou la politique en général. Je prie simplement Dieu pour que ma fille obtienne de l'aide médicale, confie-t-elle.
Un diagnostic difficile à obtenir
Jean-Claude Jérismé a fait huit heures de route dans l'espoir de voir les médecins. Il est parti de Tiburon, dans le sud du pays. Il a vu des médecins haïtiens quatre fois dans la dernière année et il a même passé des radiographies. Il n'arrive pas à manger et son ventre est enflé. Les médecins lui ont dit que c'est son foie qui est malade. Il aimerait faire la file mais elle est si longue et la chaleur si intense qu'il ne peut pas. Il n'en a pas la force.
Les médecins haïtiens ont retiré de l'eau de mon ventre, mais c'est revenu. Ils disent qu'ils n'ont pas de traitements à m'offrir, que ma maladie au foie est intraitable. J'espère voir les Américains pour obtenir une autre expertise, dit-il.
C’´ETAIT DONC QUEQUES UNS DES CAS RETENUS PAR LE JOURNALISTE PHILIPPE LEBLANC de Radio Canada en reportage special chez nous.
L’annonce de la fermeture temporaire de la frontière haitiano-dominicaine a été faite, le soir du mardi 17 septembre 2019, par le ministre dominicaain des affaires étrangères Miguel Vargas Maldonado.
Santo Domingo, le 18 septembre 2019.- La République Dominicaine a annoncé, le soir du mardi 17 septembre 2019, la fermeture temporaire de la frontière haïtiano-dominicaine.
C’est le ministre dominicain des affaires étrangères, Miguel Vargas Maldonado, qui en a fait l’annonce.
« Nous prenons cette décision en raison de la situation explosive existant en Haïti ces derniers jours, conséquence de la pénurie de carburant qui s’installe chez nos voisins haïtiens », a précisé le ministre dominicain.
Miguel Vargas Maldonado a déclaré qu’il existait des risques pour que la violence qui règne à l’ouest de l’île, en tant que moyen d’exiger la démission du Président haïtien Jovenel Moise, touche de plein fouet les intérêts économiques de la République Dominicaine. Et, la fermeture temporaire unilatérale de la frontière avec Haiti est un moyen pour eux de limiter les conséquences de l’inconséquence haïtienne.
Par ailleurs, la crise du carburant en Haïti provoque un vaste mouvement de contrebande des produits pétroliers en provenance du territoire dominicain orchestré par des trafiquants haïtiens et dominicains.
Vant Bèf Info (VBI)
NOTE DE PRESSE DE LA NONCIATURE APOSTOLIQUE EN HAITI
La Nonciature Apostolique en Haïti porte à la connaissance de la population que suite à la demande du Président de la république Jovenel Moïse, de certains partis politiques et de quelques acteurs de la Société civile, le Saint-Père le Pape François a donné son autorisation pour rendre disponibles les locaux de cette Nonciaure Apostolique en vue des pourparlers entre les divers acteurs de la vie socioploitique haïtienne.
La Conférence politique pour une sortie de crise qui s’ouvre aujourd’ui dans les locaux de la Nonciature Apostolique est organisée par le Comité Haïtien d’Initiative Patriotique ( CHIP) avec le support du Bureau Intégré des Nations Unies pour Haïti (BINUH) représenté par Mme Helen La Lime et le soutien de l’Organisation des Etats Américains représentée par Cristobal DUPOUY.
La Nonciature Apostolique tient toutefois à souligner qu’elle ne participe pas aux discussions politiques qui s’y déroulent et elle réaffirme que conformément à sa vocation spécifiqe, elle ne soutient aucun parti politique ni aucun acteur politique de la vie nationale.
En rendant disponibles ses locaux pour la conference précitée la Nonciature Apostolique en communion avec la Conférence des Evêques d’Haïti, est animée uniqueent par le désir d’offrir une chance à la paix et à la stabilité en Haïti.