Port-au-Prince, le 1er décembre 2019
Le Président Jovenel Moïse est passé des menaces aux actes
Répression de la population, crimes d’État et crimes de sang commis dans l’indifférence complice des autorités judiciaires, cela devrait suffire à lever le voile sur un glissement périlleux du gouvernement vers l’autoritarisme. Lorsque s’ajoute maintenant l’arbitraire et l’usage abusif de l’appareil répressif de l’État, assujetti à la volonté du chef suprême en quête de gains politiques. Il y a lieu de s’alarmer!
Dans le cas qui nous interpelle ici, il convient de bien saisir les enjeux de la récente offensive à l’encontre de partenaires privés de l’État, afin de mettre au grand jour les dérives inquiétantes de ce Président aculé par une crise sans précédent.
Sans jugement sur le fond du litige, somme toute commercial, tentons de faire une lecture froide de ce dossier et de rétablir les faits.
Au début du mois de novembre dernier, des cabinets privés d’avocats, contractés de gré à gré par l’État haïtien et chargés des poursuites judiciaires, ont porté plainte par-devant le parquet de Port- au-Prince. Le Commissaire en chef a.i. s’est empressé de convoquer, entre autres, les principaux membres du conseil d’administration de la SOGENER, les ministres du gouvernement Préval/Alexis signataires d’avenants au contrat liant cette firme à l’État (mais pas ceux l’ayant signé originellement sous le gouvernement Alexandre/Latortue) ainsi que le Directeur général de l’Ed’H de l’époque.
Immédiatement, l’un des avocats de l’État, Me. Newton St-Juste, fait étalage dans les médias de supposés crimes reprochés aux accusés, sans retenue, faisant fi du principe du secret de l’instruction. D’un ton triomphaliste, il les condamne avant même qu’ils aient eu la possibilité de répondre par- devant la juridiction compétente. Cela donne l’impression de faire partie d’une vile campagne de dénigrement.
Poussant plus loin son arrogance, Me. St-Juste affirme, bien qu’avouant ensuite l’absence de preuves, que des pots-de-vin faramineux ont été régulièrement versés par la SOGENER au Président Préval et à son épouse; tentative de souiller la mémoire du Président défunt et éclabousser le couple Préval. S’il s’agit là de cabale médiatique orchestrée pour faire diversion, qui sera la prochaine cible?
Mais revenons plutôt au cas flagrant d’abus de pouvoir et d’instrumentalisation de la justice qui révolte notre conscience citoyenne.
Rappelons pour commencer que la SOGENER est une société anonyme qui a débuté ses activités de vente d’électricité à l’État haïtien en 2002. La même année, se joint à l’équipe dirigeante de l’entreprise, Mme Elisabeth Débrosse Delatour, une spécialiste avérée de la finance. Sept ans plus tard, en décembre 2009, elle épousera le Président René Préval.
Quant au contrat dénoncé aujourd’hui par l’État haïtien, il a été signé sous le gouvernement Alexandre/Latortue à la suite d’un appel d’offres international et après approbation par la Cour Supérieure des Comptes, comme le prévoit la Loi. Et sa signature date du 27 mars 2005, soit plus d’un an avant l’entrée en fonction du Président Préval, le 14 mai 2006.
En 2006 et 2008, dans le respect des procédures fixées au contrat, des ministres du gouvernement Préval/Alexis y ont signé des avenants en vue de mieux préserver les intérêts de l’État, notamment par une révision à la baisse des tarifs. Ces avenants ont été élaborés avec une assistance technique de la Banque Mondiale et approuvés par la CSC/CA; ce qu’a publiquement confirmé l’ing. René Jean- Jumeau, ministre chargé de l’énergie du gouvernement Martelly/Lamothe, et témoin privilégié en tant que membre du cabinet d’alors du Ministre Frantz Verella, aujourd’hui sur le banc des accusés.
La SOGENER a ensuite continué à travailler, dans les mêmes conditions reprochées actuellement, durant tout le mandat du Président Martelly et les premières années au pouvoir du président Moïse. Il a fallu que ce dernier se trouve en butte à des difficultés économiques et politiques pour qu’il commence à faire allusion à des secteurs d’affaires, notamment celui de l’énergie, responsables selon lui de tous les maux du pays.
Alors, dans une manœuvre de diversion, il s’en prend publiquement aux IPP, les producteurs indépendants d’électricité (E-Power, HAYTRAC et SOGENER), sous le prétexte d’un rapport vieux de quatre ans, datant de 2015, inconnu officiellement des principaux concernés et mystérieusement resté dans les tiroirs des différentes administrations qui se sont succédées depuis sa rédaction.
Exploitant ainsi la crise chronique du secteur de l’énergie et l’ignorance du grand public des contrats de type PPA (Power Purchase Agreement) de production d’électricité, Jovenel Moïse instrumentalise l’appareil de l’État et la justice haïtienne. Excitant dangereusement au passage nos vieux démons épidermiques et sociaux, il politise des griefs commerciaux pour jeter des investisseurs dans l’arène pénale. Il franchit le Rubicon et passe définitivement des menaces aux actes.
Il ordonne promptement la résiliation unilatérale de ces contrats, ignorant totalement le cadre normatif traçant les voies de résolutions de conflits, ainsi que les conventions internationales signées. Aveuglés par un urgent besoin de calmer la grogne populaire, ses conseillers et lui ne prennent pas la pleine mesure des conséquences de cet acte arbitraire sur les investissements futurs et sur la fourniture d’électricité à la population; signe patent de l’incompétence régnant au timon des affaires.
En fin de compte, enlisé dans une crise engloutissant son mandat, Jovenel Moïse cherche à masquer son inaptitude manifeste. Il attaque ouvertement des personnages de son choix pour leur faire porter la responsabilité ultime du désastre général provoqué par lui et son équipe PHTK au pouvoir depuis huit ans déjà, faut-il le rappeler.
Il fait volontairement silence sur la chute de la gourde, les gabegies, les déficits budgétaires record, la mauvaise gestion de la crise du marché des produits pétroliers, les scandales de corruption et la dilapidation des fonds Petrocaribe par sa famille politique.
A dessein, il tait les difficultés sociales et politiques de l’EdH à commercialiser l’électricité produite; vraie source du problème énergétique. Certes, cet imbroglio qui maintient la société d’État en situation de faillite permanente justifierait une révision des contrats. Et, face aux difficultés et aux incompréhensions, comme les autres compagnies la SOGENER s’est publiquement et officiellement dite prête à s’expliquer et même à renégocier le contrat comme cela a été fait par le passé, dans le cadre légal prévu à cet effet. Mais dans une menée démagogique, M. Moïse préfère invectiver les producteurs qui étaient, par ailleurs, sous pression constante de produire de l’électricité selon leurs obligations contractuelles.
C’est dans ce contexte politiquement chargé et avec un gouvernement illégitime et inconstitutionnel à tous les points de vue, que s’est engagée l’actuelle poursuite contre ces investisseurs et contre d’anciens fonctionnaires du gouvernement Préval/Alexis.
La lecture de l’article de Me. Patrick Laurent paru au Nouvelliste le 25 novembre 2019 renforce bien le point de vue que Jovenel Moïse s’est trouvé en la SOGENER le bouc émissaire idéal pour détourner l’attention du public des vrais problèmes de l’heure et des personnes les ayant réellement créés.
En effet, le Président Moïse se démène en vain pour se tirer d’affaire, avec la « lutte contre la corruption » comme cheval de bataille. Il occulte cependant, soulignons-le à l’encre forte, le fait que son nom soit cité 69 fois dans le rapport Petrocaribe, inculpé dans le scandale AGRITRANS, reconnu fautif avec son épouse d’avoir illégalement engagé la firme DERMALOG malgré l’objection persistante de la CSC/CA, suspecté de détournements de fonds à travers la Caravane du changement, le BMPAD, NOVUM, HELICO S. A., qu’il soit aussi incriminé par des rumeurs récurrentes sur ses intérêts dans deux firmes curieusement en quête de contrats de vente d’électricité, pour ne citer que cela...
Notre président-entrepreneur ne devrait toutefois pas oublier que c’est le même appareil judiciaire qu’il disloque et affaiblit aujourd’hui qui devra lui garantir un procès équitable le moment venu.
Tout compte fait, il serait intéressant de connaître l’opinion de la BINUH sur ces dérives autocratiques et cette prise en otage de l’appareil judiciaire. Après tout, n’est-elle pas mandatée par l’ONU pour conseiller le gouvernement sur les questions politiques et juridiques?
Des principes juridiques et des droits fondamentaux sont en train d’être foulés aux pieds par un gouvernement corrompu, criminel, illégitime et inconstitutionnel.
Les acquis démocratiques de 1986, gagnés au prix de nombreux sacrifices du peuple haïtien, sont menacés. Les libertés individuelles et L’état de droit sont en danger.
Réveillons-nous!
Bernard Fils-Aimé, un citoyen inquiet
EDMOND MULET, L’EX CHEF DE LA MINUSTAH PREVOIT UN EXODE MASSIF D’HAITIENS VERS LA REPUBLIQUE DOMINICAINE.
Répondant cette semaine à l’invitation du président du Centre d'analyse dominicain des politiques publiques , le député Victor (Ito) Bisonó Haza, pour parler de la situation actuelle d’Haïti, l’ancien patron de la Minustah, l’Ambassadeur Edmond Mulet explique que le problème réel du pays voisin des dominicains , est l’inefficacité des institutions, d'ingouvernabilité, de corruption et de trafic de drogue, ce qui, dit-il, profite à de nombreux secteurs et aux élites politiques, économiques et sociales haïtiennes.
"Haïti est un État défaillant, à quoi bon de le cacher ". Il souligne le manque d'organisation judiciaire, le taux élevé d'impunité et le système pénitentiaire est précaire en Haïti. Il ajoute que la République dominicaine risquerait d'en subir les conséquences, car les Haïtiens qui vont mourir de faim chercheraient un endroit pour manger et se protéger. Il estime que toute action militaire ne suffira pas à arrêter 80 000 Haïtiens ou plus qui souhaitent franchir la frontière. Ces haïtiens délaissés iront dans tous les pays des Caraïbes et atteindront la Floride
La Conférence des évêques appelle les acteurs à faire de « coûteuses concessions »
Le pays s’installe depuis trois mois dans une crise politique aux conséquences désastreuses, notamment pour les couches les plus vulnérables. Le président de la République et les acteurs politiques de l’opposition campent sur leurs positions. Pour l’heure, il n’y a aucun canal de dialogue entre eux. La Conférence des évêques de l’Église catholique les appelle à faire de « coûteuses concessions » pour le bien commun…
« En ces moments où la barque nationale est en péril, il est urgent d’arriver à une solution historique. Elle doit être effectuée au prix de coûteuses concessions de part et d’autre pour le plus grand bien de ce peuple et de ce pays que nous aimons tous », ont écrit les évêques dans une prise de position ce week-end. « … nous sommes à un tournant historique de notre évolution comme peuple et nation pour changer notre régime et notre système. Vous, les tenants du pouvoir actuel, face à votre fonction et votre mandat, pour parvenir à cette solution salutaire, quelles concessions comptez-vous faire ? Nous tenons à vous rappeler, à la suite de saint Augustin, que ‘’cela ne suffit pas d’acquérir un mandat, il faut le mériter’’ », a exhorté la CEH.
Aux membres de l’opposition politique, les évêques catholiques les enjoignent eux aussi à faire des concessions. « Et vous, membres de l’opposition, pour mériter d’être comptés comme acteurs de cette grande solution historique, quelles concessions allez-vous faire dans votre approche et votre stratégie ? L’histoire vous le revaudra. ‘’La politique, dit Léon Gambetta, est l’art du possible’’. Rien n’est trop coûteux pour un vrai patriote, lorsqu’il s’agit d’une décision d’envergure pour le bien supérieur de la patrie », ont conseillé les évêques.
En outre, la Conférence des évêques a dit compatir « à la douleur et aux souffrances des victimes de toutes sortes des derniers événements, particulièrement les familles endeuillées, les personnes hospitalisées, les gens qui ont perdu leurs biens ou sont contraints d’abandonner leur demeure. Nous vous exprimons notre admiration pour votre foi, votre courage, votre résilience et votre détermination invincibles dans votre lutte patriotique et votre combat citoyen en vue d’un changement véritable au sein de la société haïtienne».
Les évêques souhaitent que ce changement permette de libérer le pays des maux comme le chômage, la misère, l’insécurité, l’exclusion, l’impunité, la délinquance morale, la manipulation, la corruption, la répression et la violence. « Nous savons que ce n’est pas la volonté de Dieu. Le système voulu par Dieu et que nous désirons est celui qui tient compte du bien commun, du bien-être de tous les citoyens en leur offrant d’égales opportunités pour qu’ils se réalisent comme personne humaine faite de dignité. Ce système est aussi attentif aux souffrances des plus vulnérables et des petits en promouvant leur développement intégral, et met en place des mécanismes qui favorisent une répartition juste des richesses », ont écrit les prélats de l’Église catholique.
TROIS CAMIONS INCENDIÉS À PETIT GOAVE
Dans le cadre du mouvement de protestation visant à réclamer la démission du Président de la République, Jovenel Moïse, des individus ont incendié, ce vendredi, au moins trois camions de transport, dans la 7ème section communale de Grand-Goâve, dans le département de l’Ouest d’Haïti.
Grand-Goâve, le 29 novembre 2019._ Environ trois (3) camions de transport ont été incendiés, ce vendredi 29 novembre 2019, par des individus non identifiés. Ces derniers inscrivent leur action dans le registre du mouvement visant exiger le départ du pouvoir du Président Jovenel Moïse.
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SIX MORTS ET 3 BLESSES A CARREFOUR
Haïti standard, le 1e décembre 2019.- Six (6) personnes ont été tuées et trois (3) autres grièvement blessées dans la nuit du 30 novembre au 1e décembre 2019, à Mariani, un quartier situé dans la commune de Carrefour (Ouest). Des habitants du quartier susmentionné ont accusé une patrouille policière d’avoir ouvert le feu sur des personnes qui se trouvaient dans la zone.
Les blessés ont été transportés d’urgence à l’hôpital, a indiqué à la rédaction de Haïti standard des habitants qui ont précisé que jusqu’à très tard dans la matinée les cadavres gisaient dans le quartier susmentionné.
Au moment de la rédaction de ce texte (12:30 p.m.), aucune voix autorisée ne s’est prononcée sur ce drame que certaines personnes ont commencé par assimiler à un « massacre » perpétré par les autorités en place sur des individus soupçonnés d’être impliqués dans des activités liées à l’obstruction des rues à l’aide des barricades.
REVUE DE LA SEMAINE
VENDREDI 22 November 2019
L’ambassadeur Kelly Craft appelle à « une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien …»
Les États-Unis, après les appels pour la mise en place d’un gouvernement, ont dépêché un top diplomate en Haïti. Elle a écouté les positions de l'exécutif et de l'opposition et a plaidé pour une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien.
L’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Kelly Craft, a bouclé sa mission de quelques heures en Haïti, mercredi 20 novembre 2019. Au terme de son périple, dont l’un des objectifs était « d’encourager les leaders haïtiens à adopter des mesures urgentes pour former un gouvernement au service du peuple haïtien », les services de l’ambassadeur Craft ont publié un communiqué qui exprime, entre autres, l’obligation des leaders haïtiens à trouver un consensus, les attentes de la diplomate pour que les défis soient surmontés et la nécessité que les responsables de tueries à La Saline et au Bel-Air soient poursuivis par la justice haïtienne. « Le président Jovenel Moïse et les autres leaders élus ont l’obligation de se mettre ensemble, de mettre de côté leurs différences et de chercher une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien. Les États-Unis se tiennent prêts à supporter. Je quitte Haïti avec l’attente qu’ils surmonteront les défis », a indiqué ce communiqué, mercredi 20 novembre 2019.
Le président Jovenel Moïse, selon ce communiqué, a évoqué son engagement de promouvoir un meilleur futur pour tous les Haïtiens.
La semaine a été marquee par la visite en Hati d’une délégation conduit par l’ambassadeur des Etats-Unis devant les Nations Unies.
Il s’agit de l’ambassadeur Kelly Craft qui a bouclé son séjour en Haïti après trois rencontres. La première avec le president Jovenel Moïse accompagné du chancelier Edmond boschit, la deuxième avec l’oposition et la troisième avec les membresdu BINUH arrive e Haïti le 15 octobrel L’ambassaeur Kelly Craf a bouclé sa visite avec iun communiqué dans lequel on lit:
« Durant ma rencontre avec Jovenel Moïse, le président démocratiquement élu d’Haïti, il a clarifié son engagement à adresser les besoins urgents, promouvoir la prospérité économique et à bâtir un futur meilleur pour tous les Haïtiens », a indiqué le communiqué.
« Mon engagement avec les responsables politiques et économiques, a poursuivi le communiqué, renforce le besoin urgent de supporter les institutions de l’État. Un gouvernement pleinement fonctionnel pour lutter contre la corruption, investiguer et poursuivre les responsables de violations de droits humains, incluant ceux responsables pour les tueries de La Saline, de Bel-Air et combattre le trafic de drogue et d’être humain », a indiqué ce communiqué.
Quelques heures auparavant, le président Jovenel Moïse a évoqué sa rencontre avec l’ambassadeur Craft. « Je me suis entretenu avec l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, Mme Kelly Craft, autour des voies et moyens à mettre en œuvre, dans le cadre d’un dialogue inclusif, en vue de parvenir à une résolution consensuelle de la crise politique que connaît le pays », a tweeté le président Jovenel Moïse.
Le sénateur Youri Latortue, membre de l’Alternative, a indiqué, qu’à l’ambassadeur Craft, venue « écouter » et non « décider », l’opposition reste sur la position exprimée dans l’accord de Marriott. « Nous avons défendu la position de l’accord de Marriott. Nous avons dit qu’il faut de toute façon une transition. Le président ne pourra pas faire les élections. Il faut que nous allions vers la transition », a confié le sénateur Latortue au journal Le Nouvellisgte .
« Nous lui avons dit que tout le pays est bloqué. En ce qui a trait à ce blocage, nous pouvons arriver à une situation de chaos. Il faut trouver une solution. Nous avons déjà conclu l’accord de Marriott. Nous essayons de rallier d’autres partis pour avoir une position unitaire », a poursuivi le sénateur Youri Latortue, qui indique avoir attiré l’attention de l’ambassadeur Craft sur la perception d’un soutien des Etats-Unis au président Jovenel Moïse, pas au peuple haïtien.
Joël Édouard Vorbe, membre du directoire de Fanmi Lavalas, a indiqué avoir souligné à l’attention de l’ambassadeur Kelly Craft « que le départ sans condition de Jovenel Moïse est la solution acceptable pour la majorité de la population ».
Le président du Parti haïtien Tèt Kale, (PHTK) Sainphor Liné Balthazar, présent à la rencontre, a indiqué avoir défendu la position de son parti. Le PHTK ne souscrit pas à l’accord de Marriott qui demande le départ du président Moïse. Il faut que ce soit un élu qui remplace un élu, a expliqué Saimphor Liné Balthazar. « Nous pensons que tout accord inclusif doit déboucher sur la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale qui inclut toutes les forces politiques et sociales pour engager les réformes politiques et économiques jusqu’à la tenue d’élections générales qui peuvent être anticipées ou non anticipées », a expliqué Sainphor Liné Balthazar. « La formation d’un gouvernement d’union nationale n’a pas été discutée », a révélé Sainphor Liné Balthazar. Ce qui a été confirmé par le sénateur Latortue et M. Vorbe. Le journal a appris que les sénateurs Joseph Lambert, Évallière Beauplan, l’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile et le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Bernard Craan, ont participé à cette réunion avec l’ambassadeur Kelly Craft.
Haiti- Insécurité : Des agents du palais national ont tiré à hauteur d’homme sur des étudiants
Le Conseil de Direction de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) dénonce et condamne les actes des agents de l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN) qui ont criblé de balles, le mardi 19 novembre, le portail principal de l’école en tirant à hauteur d’homme en direction des étudiants, d’après un communiqué publié ce mercredi 20 novembre 2019.
Port-au-Prince, le 20 novembre 2019. Des agents de l’Unité de Sécurité Générale du palais national (USGPN) ont criblé de balles, le mardi 19 novembre 2019, la barrière principale de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) en tirant à hauteur d’homme en direction des étudiants. C’est du moins ce qu’on peut lire dans une note de protestation émanant du Conseil de Direction de l’école Normale Supérieure (ENS) en date du 20 novembre 2019, dont copie est parvenue à la rédaction de Vant Bèf Info (VBI).
PENDANT CE TEMPS, IL Y AVAIT DES CENTAINES DE MANIFESTANTS DEVANT L’AMBASSADE AMERICAINE
Ces derniers qui exigeaient le départ du président Jovenel Moïse dénoncent l’ingérence américaine dans les affaires intérieures d’Haïti.
CETTE SEMAINE EGALEMENT, IL Y A EU L’IMPRTANTE DECLARATION DE L’UNICEL ET DE L’UNESCO
DECLARATION CONJOINTE: L’UNICEF et l’UNESCO appellent à l’ouverture des écoles, au respect du droit à l’éducation et à la continuité de l’éducation des enfants et des jeunes haïtiens
A l’occasion du 20 novembre, Journée mondiale de l’enfance qui marque également le 30e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), l’UNICEF et l’UNESCO exhortent les institutions étatiques ainsi que tous les acteurs politiques, sociaux et économiques à travailler ensemble pour permettre la reprise immédiate des activités normales de toutes les écoles publiques et privées en Haïti, pour la continuité de l’éducation de tous les enfants.
Depuis le début du mois de septembre, les troubles politiques, les blocages de route et la montée de la violence en Haïti, ont réduit considérablement l’accès aux services sociaux de base, notamment les écoles et les universités. Selon le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), 70% des écoles du pays sont fermées, ce qui signifie que plus de trois millions d’enfants n'ont pas pu commencer ou poursuivre leur éducation. 50 jours de cours sur un total de 189 jours prévus ont déjà été perdus, créant ainsi un déficit énorme d’apprentissage pour les élèves et les étudiants. Un plan de rattrapage doit être proposé aux écoles pour récupérer 250 heures de cours perdues, sur les 945 que compte l’année scolaire.
VIVRE A L’HAITIENNE, c’est le titre d’un aticle que publie le journal canadien LE DEVOIR , don’t l’auteur Paulso Pierre Pilippe écrit:
L’histoire d’Haïti, cette nation pionnière de la lutte contre l’esclavage, est pleine de rebondissements, mais surtout de controverses. « Vivre à l’haïtienne » pourrait être le titre d’un roman, mais ce sont plutôt les réflexions d’un citoyen meurtri et bouleversé qui regarde avec impuissance la déchéance programmée
de cette nation qui, pourtant, avait tout pour être parmi les plus prospères.
Depuis plusieurs mois, Haïti fait les manchettes. Encore une fois, le pays est en proie à une crise multidimensionnelle qui aura atteint les limites de l’extraordinaire et de l’imaginaire. Sans exagération, ce qui se passe en Haïti présentement aurait tout pour être qualifié de catastrophe sur le plan humanitaire, de désastre socioéconomique, de fiasco politique sans précédent. Mais en réalité, non… Haïti obtient peu d’attention en ce sens. Alors, justement, pourquoi est-ce qu’on en parle encore quand même et toujours ?
On ne peut saisir la complexité de la crise haïtienne sans comprendre le contexte historique de ce pays dont la population est composée majoritairement de descendants d’esclaves noirs d’Afrique. Sans faire dans le politiquement correct, disons tout de suite qu’Haïti n’a jamais cessé de payer les conséquences de sa bravoure historique contre la vieille France colonialiste.
Haïti, qui a lutté de longues années pour s’émanciper de la tutelle coloniale et s’affranchir de l’esclavage, va être forcée pendant des décennies à payer arbitrairement cet exploit. Le pays devra payer à ses anciens colons un « tribut de l’esclavage » pour pouvoir effectivement jouir de sa liberté et de son indépendance.
Afin de faire respecter cette ordonnance, Charles X fit envoyer dans la rade de l’île une flotte de 14 bateaux de guerre pour établir ce qui devait être l’un des plus spectaculaires blocus commerciaux, ne visant rien d’autre qu’à asphyxier l’économie de la jeune nation haïtienne. Au final, il aura fallu 125 ans pour qu’Haïti puisse enfin s’acquitter de cette dette. Mais les conséquences économiques de cette extorsion demeureront irréparables.
Il est donc indéniable que la situation actuelle du pays, ne serait-ce que sur le plan économique, est aussi tributaire de ses origines coloniales et des conditions dans lesquelles cette nation a pris naissance. C’est un peu cela, vivre à l’haïtienne.
Historiens, analystes et journalistes s’accordent pour dire que le pays vit actuellement la pire crise de son histoire. À la faveur d’une augmentation des prix de l’essence et de la dénonciation sans appel d’une corruption endémique, Haïti vit depuis plus d’un an une période intense de revendications populaires violentes.
Cela se résume, entre autres, à une catastrophe économique, à une inflation dépassant la barre des 20 % et à une crise humanitaire de plus en plus alarmante, avec la rareté croissante des denrées alimentaires de base. L’hécatombe politique que connaît le pays depuis l’avènement du président Jovenel Moïse aura atteint son paroxysme avec le fait que, depuis environ trois mois, toutes les composantes de la société dans son intégralité réclament le départ du président.
L’opposition politique, la société civile, le secteur associatif et syndical, le patronat et même le secteur religieux, tous ont exprimé leur frustration et exigent la démission du président. Ce dernier, fort d’un certain « soutien » de la communauté internationale, s’accroche malgré tout au pouvoir et tient mordicus à terminer son mandat, en dépit des manifestations de plus en plus violentes réclamant son départ. S’accrocher au pouvoir contre vents et marées, serait-ce aussi une forme d’existence à l’haïtienne ?
En attendant que les acteurs se décident à prendre les décisions responsables qui pourraient juguler la crise et redonner espoir à ce peuple souffrant, les drames humains se perpétuent chaque jour. Les gens meurent, les commerces sont pillés, les denrées se font rares et la pénurie guette à tous les points de vue. Pourtant, la mobilisation se poursuit, car elle est l’expression d’un ras-le-bol quasi généralisé face à la précarité et à l’injustice sociale chronique qui sévissent dans ce pays.
Cette mobilisation, malgré le chaos qu’elle engendre, est porteuse d’espoir. Pour la première fois, on sent que la population est de plus en plus consciente de sa condition et réclame non seulement le départ d’un gouvernement, mais aussi un changement réel dans ce système inégalitaire et corrompu qui les maintient dans cette précarité extrême.
Le peuple haïtien fait preuve non seulement d’une résilience extrême, mais surtout d’une grande capacité d’autodétermination et s’inscrit, encore une fois, dans une dynamique historique de chambardement du statu quo. C’est surtout cela, vivre à l’haïtienn
Article paru dansLe Devoir, en date du 21 Novembe 2019, sous la plume de :
Paulson Pierre Philippe
Analyste politique, consultant, blogueur
RENCONTRE DES TROIS POUVOIRS AU PALAIS NATIONAL
Sur demande du président Jovenel Moïse, s’est tenue, jeudi, au Palais national, une réunion sur la crise politique avec les présidents du Sénat, Carl Murat Cantave, de la chambre des députés, Gary Bodeau, et le président de la Cour de cassation et du CSPJ, Me René Silvestre, a appris le journal en milieu de soirée. « Cela a été une rencontre très cordiale, à la demande du président Jovenel Moïse. Il s’est dit prêt au dialogue inclusif et veut faire partie de la solution », a rapporté le président de la chambre des députés, Gary Bodeau, soulignant que « le président Jovenel Moïse veut trouver un accord politique inclusif à la fin de l’année ».
Gary Bodeau qui a décrit un président Jovenel Moïse réceptif, a encouragé le chef de l’Etat à être « plus réceptif, plus ouvert à tous les secteurs de la vie nationale, y compris les secteurs qui ont demandé son départ ». « Il faut trouver un modus operandi pour qu’il y a des discussions avec le groupe de Marriott. Quelle que soit la position du groupe de Marriott », a poursuivi le numéro un de la Chambre des députés, rappelant que tous les sujets peuvent être sur la table. Gary Bodeau a indiqué que la crise humanitaire et sécuritaire a été abordée au cours de ces échanges qui doivent se poursuivre vendredi matin.
Le journal a contacté le Palais et s’est aussi efforcé d’obtenir un commentaire des présidents du Sénat, Carl Murat Cantave, et de la cour de cassation et du CSPJ, Me René Silvestre. Les efforts ont été vains. La rencontre du président Jovenel Moïse avec les présidents des trois pouvoirs de l’Etat intervient vingt-quatre heures après la mission de l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Kelly Craft. « Le président Jovenel Moïse et les autres leaders élus ont l’obligation de se mettre ensemble, de mettre de côté leurs différences et de chercher une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien. Les États-Unis se tiennent prêts à supporter. Je quitte Haïti avec l’attente qu’ils surmonteront les défis », avait indiqué un communiqué rendu public par les services de l’ambassadeur Craft.