Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a également salué l’installation du Conseil présidentiel de transition, jugeant qu'il s'agissait d'une « nouvelle opportunité d’avancer vers le rétablissement des institutions démocratiques ».
Dans un message sur la plateforme X, le BINUH a dit qu'il restait « engagé à accompagner les autorités du pays dans leurs efforts pour créer un environnement de paix sociale, sûr et propice à l’organisation d’élections crédibles, participatives et inclusives ».
Formé de neuf membres, le Conseil présidentiel de transition en Haïti doit maintenant former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre.
Il aura fallu plusieurs semaines de négociations complexes, marquées par des revirements, pour que le Conseil voie le jour, alors que la capitale Port-au-Prince est ravagée par la violence des gangs et que le pays est confronté à une grave crise humanitaire. Sans Président ni Parlement, Haïti n'a connu aucune élection depuis 2016.
Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, informe les journalistes de sa récente visite en Haïti.
S'exprimant devant la presse au siège de l’ONU à New York, le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Carl Skau, a aussi salué l'installation du Conseil de transition.
« Je peux confirmer que la situation est dramatique, avec une crise dévastatrice et un impact humanitaire massif. La pire situation humanitaire en Haïti depuis le séisme de 2010 », a dit M. Skau, qui a effectué récemment une visite dans le pays pour évaluer les besoins humanitaires. Il a rappelé que des millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë.
Il a souligné que la crise sécuritaire est concentrée à Port-au-Prince et que la situation est beaucoup plus calme ailleurs.
« Mais cela ne veut pas dire que l'impact humanitaire de la crise sécuritaire à Port-au-Prince ne se fait pas sentir ailleurs. Il y a des déplacements, il y a des perturbations dans le commerce et l'économie et il y a l'inflation et donc la crise se fait sentir partout », a noté le haut responsable du PAM. Toutefois, la réponse humanitaire peut être différenciée, selon lui, avec une réponse d'urgence dans la région de Port-au-Prince et un soutien au développement dans le reste du pays.
Le PAM atteint environ 500.000 personnes par mois et cela consiste en des repas chauds et des repas prêts à consommer dans la capitale, mais aussi en des activités plus résilientes comme des programmes de repas scolaires dans d'autres régions du pays.
Le PAM soutient également le reste de la communauté humanitaire et la famille des Nations Unies avec son service aérien. L'agence onusienne envisage aussi d'intensifier son soutien logistique en termes d'arrivée de vols de fret à mesure que l'aéroport international s'ouvre, mais aussi de navires qui peuvent transporter des marchandises le long de la côte si les routes restent fermées ou ferment à nouveau, a dit M. Skau.
Il a souligné que le soutien politique et sécuritaire doit réellement s’accompagner d’une réponse humanitaire robuste. Il n’y aura pas de succès sur le plan politique si nous n'augmentons pas notre assistance à la population, a-t-il affirmé.
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
26/04/2024
Un conseil présidentiel de transition a pris ses fonctions. Cet organe a pour mission de rétablir l’ordre public et d’organiser des élections libres.
Haïti tente un nouveau pas vers une sortie de crise. Le conseil présidentiel de transition compte neuf membres, et doit nommer un nouveau Premier ministre, après la démission du très contesté Ariel Henry.
Aujourd’hui, Haïti n’a plus de président, n’a pas de Parlement et la capitale Port-au-Prince est à 80% aux mains de bandes criminelles.
Une centaine de gangs se livrent une guerre de territoire. L’an dernier, le pays a enregistré près de 2.200 homicides et quelque 1.200 kidnappings.
Plusieurs centaines de milliers d’armes à feu, un demi-million selon l’Onu, sont en circulation dans le pays, pour l’essentiel importées illégalement depuis les Etats-Unis.
Ce climat d’insécurité est exacerbé par le trafic de drogue : car Haïti est également un important hub de transit pour la cocaïne, le cannabis et l’héroïne provenant d’Amérique latine et à destination des Etats-Unis et de l’Europe.
Un nouveau rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) rappelle que la crise actuelle s’inscrit dans une instabilité chronique : "avant même l'assassinat très médiatisé de l'ancien président Jovenel Moïse, en 2021, les villes et villages d'Haïti enregistraient une détérioration des conditions économiques, une augmentation des troubles sociaux, le ciblage des défenseurs des droits de l'Homme, et la menace croissante de gangs lourdement armés et d'organisations criminelles."
C’est dans ce contexte que le nouveau conseil présidentiel de transition a pour mission d’organiser des élections, alors que Haïti n’a plus connu de scrutin depuis 2016.
L’organe est composé de sept membres avec droit de vote, qui représentent les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. A ceux-ci s’ajoutent deux observateurs sans droit de vote représentant la société civile et la communauté religieuse.
Le conseil doit maintenant former un nouveau gouvernement et nommer un Premier ministre. En attendant, c’est Michel Patrick Boisvert, Premier ministre intérimaire, qui expédie les affaires courantes.
Pour des raisons de sécurité, la prestation de serment s’est faite en catimini, devant une assistance réduite, dans le Palais présidentiel, alors qu’on entendait des rafales d'armes automatiques dans le centre-ville de Port-au-Prince.