Haïti : Foule au concert de Sans Souci avec participation orchestres de Yale et Cornell
CAP-HAITIEN, 14 Janvier – Milot a fait l'histoire aux côtés des grands sites historiques du monde comme le Colysée à Rome et l'Acropole d'Athènes avec le grand concert présenté samedi 14 janvier au Palais Sans Souci, devant plusieurs milliers de spectateurs, par les orchestres philarmoniques de Sainte Trinité et des universités Cornell et Yale.
Dans une ambiance de quasi recueillement la foule a suivi avec délices les interprétations des plus grands classiques haïtiens de la musique ('Danse capoise' de Ludovic Lamothe ; 'Viv Ayiti' de Lumane Casimir/Julio Racine', 'Mèsi Bondye' de Frantz Casséus/Jean Jean Pierre') et des compositeurs d'hier et d'aujourd'hui les plus appréciés, tels 'Folk Dances de Shostakovich ; 'Fanfare for the common man' de Aaron Copland - 'Fanfare pour l'homme ordinaire' qui a été furieusement applaudie.
Cela pendant près de 4 heures d'affilée. Musique, et la grande musique, sans interruption. Pour commencer, l'ensemble musical de Milot, dont les habitants (Milotiens et Milotiennes, pour répéter monsieur le Maire) se pressaient sur l'esplanade devant le Palais Sans Souci, précisons, illuminé.
Des spectateurs venus aussi de très loin. Du Cap-Haïtien, de Port-au-Prince dont ils continuaient à arriver jusques aux alentours de 8 heures pm, mais aussi des Etats-Unis (compatriotes et étrangers), spécialement pour l'événement.
Mais aussi des communes avoisinantes comme Grande Rivière du Nord ou Quartier Morin.
Dans la loge officielle, le ministre haïtien de la Culture et de la Communication, Marc Aurèle Garcia et l'ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Peter Mulrean.
JACMEL, 22 Janvier - Ce fut une soirée pas comme les autres. Dès 6 heures pm, la salle du Centre de Convention était pleine. Bravo à ce public jacmélien composé aussi d'écrivains, de gens de théâtre, de professionnels qui à chaque fois font le déplacement pour venir encourager les artistes.
Le Maire de la ville, Maky Kessa, se trouvait aux côtés du Ministre de la Culture et de la communication, Marc Aurèle Garcia.
Ce fut une soirée très spéciale, différente de celle du Karibe Convention Center, le jeudi 19 Janvier, à Port-au-Prince.
Et pourtant c'était la même troupe, le Martha Graham Contemporary Dance Company.
Donc la différence c'est le public jacmélien.
Un public chaleureux, se mettant debout pour applaudir la troupe, pas la moindre froideur. Les gens hurlaient Bravo ! Bravo !
Pour montrer à quel point la troupe se sentait à l'aise dans cette ambiance, elle a demandé de fermer l'air conditionné car les danseurs se produisent torse nu ... ce qu'elle n'avait pas osé faire au Karibe, à cause de la présence de tant d'officiels : le président de la République, l'ambassadeur américain etc.
Il y a aussi la scène plus profonde, surélevée permettant aux danseurs d'évoluer plus à leur aise.
Lire la suite : La soirée Jacmélienne du Martha Graham Dance Company…
Voler l'Etat est-il toujours aussi facile ?
PORT-AU-PRINCE, 12 Février – Parmi les proverbes haïtiens qui ont la vie la plus dure on pourrait citer celui qui dit : voler l'Etat ce n'est pas voler !
Mais c'était avant la création de nos institutions de lutte contre la corruption (les UCREF, ULCC et autres). Depuis vous risquez non seulement de surprendre toutes sortes de commentaires peu sympathiques dans votre dos mais surtout de finir dans la rubrique internationale de la lutte contre le blanchiment des avoirs.
Aujourd'hui voler l'Etat c'est donc à vos risques et périls.
Outre que ce n'est plus aussi facile qu'avant. En effet, l'Etat a mis en place une série de mesures visant à une meilleure protection des fonds publics.
Pour commencer en cassant la chaine, en isolant les diverses mailles entre elles.
Un ministre n'a plus la même latitude qu'autrefois, ni un directeur général, ni un administrateur, ni un comptable public.
Ni un premier ministre.
Ni le président de la république.
Chacun étant délimité dans ses attributions vis à vis de la caisse publique, aucun ne peut disposer de celle-ci à sa guise.
Sauf à s'organiser à plusieurs. D'où l'expression devenue aujourd'hui inséparable de la rubrique corruption : association de malfaiteurs.
Pour voler l'Etat il faut se mettre aujourd'hui à plusieurs, ou vulgairement parlant : en 'gang'.
JACMEL, 19 Février – Il n'y a pas de mot pour qualifier le carnaval de Jacmel cette année. Autant d'originalité, d'invention, bref d'expression du génie artistique d'un peuple.
Pendant au moins quatre heures d'un défilé de masques, sans discontinuer, nous sommes invités à feuilleter les pages de la préhistoire, l'histoire et de l'actualité.
Un catalogue vivant de tous les monstres possibles et imaginables, tout à la fois Jurassic Park et l'attaque des ogres dans le Seigneur des anneaux, mais rien à voir avec ni l'un ni l'autre parce que sortis tout droit de l'imaginaire des artistes et artisans de la ville culturellement la plus vibrante de toute l'île, Jacmel.
Beaucoup de ces créatures, dans la belle collection qu'il nous est aussi donné à visiter au site d'exposition du port de Jacmel, au dos du Centre de convention, et à l'actif du directeur général du Bureau d'Ethnologie, le grand artiste-ethnologue Erol Josué, ont déjà fait leur chemin dans les deux pays voisins, la République dominicaine et Cuba, les deux partageant avec nous le même héritage pré-colombien.
Mais cette année les créateurs du carnaval jacmélien se sont de toute évidence surpassés et nos monstres crachant le feu en vrai, qui ont défilé dimanche, sont de nature à faire peur même aux plus hardis des héros des films d'aventure. Grands et petits.
CAMP PERRIN, 26 Février – Partout on veut avoir son carnaval. Les plus petits bourgs. Sénateurs, députés et maires n'ont qu'une préoccupation.
C'est une crise !
On peut l'interpréter de diverses façons.
Un peuple qui n'a plus d'imagination. Comme si celle-ci était directement proportionnelle aux problèmes économiques qui crèvent tous les plafonds dans notre pays avec une monnaie nationale qui s'effondre à vue d'œil par rapport au dollar américain qui est notre monnaie d'échange (près de 69 gourdes pour 1 dollar), donc bientôt à peine le quart du dollar américain en valeur.
Un coût de la vie non seulement délirant mais constamment imprévisible.
Et incorrigible tant que le pays continuera d'importer pour deux milliards de dollars et d'exporter pour 200 millions à peine.
Or dans de telles conditions ce sont des signaux négatifs qu'on constate le plus souvent partout jusqu'au fond du pays.
Pas une fièvre carnavalesque.
Et il ne s'agit pas seulement d'un phénomène de la ville, comme certains qui en profitent pour reprocher à l'Etat qu'on dépense dans le futile alors que tant d'urgences nous sautent au nez.
A entendre certains élus de localités même les plus profondes, c'est comme si leur avenir politique en dépendait.
Est-ce le beau temps qui précède la tempête, pour les uns, tandis que d'autres répéteront le dicton : le peuple qui chante et danse sa misère !
Toujours est-il qu'il n'y a pas de dirigeant politique qui ne se réjouisse quand le peuple choisit de danser au lieu de jeter des pierres. Comme ce fut le cas ces deux dernières années avec des élections constamment rejouées, ponctuées de manifestations de rues etc.